Avec Norm : Aide humanitaire
Scène

Avec Norm : Aide humanitaire

Plus que quelques jours pour voir Avec Norm, pièce à travers laquelle SERGE BOUCHER livre un vibrant écho à la misère du monde.

Bien qu’elle permette à Serge Boucher de prolonger une lucide observation sociale, sa nouvelle pièce s’avère de loin la plus impitoyable qu’il ait écrite. Comme l’avait annoncé René Richard Cyr, qui dirige cette production en plus d’y prendre part à titre d’acteur, Avec Norm offre un fidèle et minutieux portrait de la désolation humaine.

Réfugié dans un petit appartement que Réal Benoît (scénographie) et Étienne Boucher (éclairages) dotent d’un hyperréalisme troublant, Norm a peu de contacts avec le monde extérieur. Si le jeune handicapé intellectuel voit rarement sa sour Nancy, il côtoie plus fréquemment Tony, sa vieille voisine, et un ami aussi inquiétant qu’invisible surnommé Batman. Dans un enchaînement de courts tableaux – ces instantanés dont use l’auteur avec tant de pertinence -, le quotidien misérable du personnage nous apparaît sans fard. Ici encore, tout comme dans 24 poses et Motel Hélène, un intellectuel observateur cautionne l’entrée dans un milieu défavorisé financièrement et affectivement. Parrain pour un organisme d’aide aux démunis, François devra accepter l’échec, admettre son impuissance à améliorer le sort du garçon.

La direction de René Richard Cyr épouse superbement le rythme singulier de la partition. Dosée et lapidaire, sa proposition mise avant tout sur le savoir-faire de sa distribution: des acteurs qui expriment beaucoup d’empathie et de générosité envers les exigeants protagonistes qu’ils défendent. Le metteur en scène a également su s’entourer de comédiens sachant relever le défi d’une construction dramatique fondée sur une suite d’états plutôt que sur une action traditionnelle. À ce chapitre, Benoît McGinnis est le premier à surprendre par la justesse de sa composition. Il parvient à rendre son simple d’esprit à la fois attachant et repoussant, sans jamais surenchérir ou parodier. Alors que Sandrine Bisson communique à son interprétation de Nancy un déséquilibre plus vrai que nature, Louison Danis se glisse remarquablement dans la peau de Tony, une femme aussi empêtrée dans son malheur que consciente de sa condition. S’il est loin de constituer un spectacle réjouissant, Avec Norm suggère pourtant à notre époque l’usage salvateur de l’acceptation.

Jusqu’au 15 mai
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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