Or Press Escape : L'étrangère
Scène

Or Press Escape : L’étrangère

Une femme seule devant son ordinateur; l’écran projeté au mur, derrière; le silence ou presque… Le concept de Or Press Escape pouvait laisser craindre une certaine froideur; il n’en est apparemment rien.

Écrit et interprété par Edit Kaldor, Or Press Escape est le premier spectacle solo de cette Hongroise qui a immigré aux États-Unis à l’âge de 13 ans et qui vit actuellement entre les Pays-Bas et la Belgique. Après avoir réalisé plus d’une trentaine de performances en compagnie de Peter Halasz et travaillé comme scénariste, dramaturge ainsi que vidéaste, elle nous offre ici une pièce audacieuse, mettant en scène les diverses opérations informatiques d’un personnage assis devant son écran. "C’est l’histoire d’une femme qui vient d’arriver quelque part où elle ne connaît personne et qui essaie, à travers l’ordinateur, de nouer contact avec son environnement, lance-t-elle. La machine devient une manière d’entrepôt de ses pensées et de ses efforts pour mettre de l’ordre dans sa vie ou lui donner un sens." C’est ainsi que se révèle cette étrangère qui tente notamment d’écrire une lettre à ses voisins pour les prévenir qu’un immigrant clandestin vit dans leur grenier. "C’est à propos d’identité, de quelqu’un qui arrive dans un nouvel endroit et tente de s’inventer une vie sans point de repère", précise l’artiste.

Loin de n’être qu’un accessoire, l’ordinateur détermine par ailleurs la structure et le sens du discours. "Au départ, je voulais que ma performance porte sur le fait d’être seul, pas nécessairement solitaire, mais seulement comme quand vous vous retrouvez seul à la maison, poursuit-elle. Je voulais faire ça de manière à ce que je n’aie pas à m’adresser directement au public parce que ça aurait trahi cet état. Et le filtre de l’ordinateur me semblait un très bon outil pour y arriver. L’autre chose que j’aime beaucoup à propos de cette forme, c’est que la signification vient non pas de ce qui est écrit, mais de ce qui est changé; je communique à travers des hésitations, des doutes plutôt que des affirmations. Le public ne m’entend jamais parler et il ne voit mon visage qu’à la fin à travers la webcam, alors ce sont les petits détails qui deviennent signifiants, comme combien de temps je prends pour écrire ou effacer quelque chose." En plus de bien coller aux thèmes de l’identité et de l’isolement, ce parti pris pose enfin la question du rapport homme-machine, une autre préoccupation s’exprimant tant sur le plan de la forme que sur celui du fond pour créer ce spectacle aux résonances multiples.

Du 17 au 20 mai
Au Musée de la civilisation
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