Les Zurbains : Le péril jeune
Scène

Les Zurbains : Le péril jeune

Ah, l’adolescence… Période fragile où l’imaginaire se niche à l’intérieur après avoir teinté les objets du dehors. C’est un peu ça que nous propose le Théâtre Le Clou avec sa septième édition des Zurbains, un spectacle mis en scène par Benoît Vermeulen à la Salle Fred-Barry.

Le Clou a invité cinq conteurs professionnels à dire l’adolescence à travers des textes majoritairement écrits par des étudiants du secondaire. Toujours soucieux de faire se rencontrer le théâtre et les jeunes dans le processus même de la création, Le Clou non seulement atteint son objectif (les ados dans la salle sont ravis), mais parvient à rejoindre un public adulte le moindrement intéressé par la voix des auteurs de demain.

Cinq contes, dont un de l’écrivaine Geneviève Billette, mais aussi cinq personnages évoluant sur une même scène, chacun ayant son espace – une forêt projetée sur des panneaux, une arène, un lit simple. Pourtant, ces cinq solitudes se tapent dans le dos, s’envoient des signes, se croisent de ce pas nonchalant qui se veut détaché, trahissant toutefois le bouillonnement que l’on devine. Les personnages lancent des mots dans un micro déposé là, symbole de la minute de gloire qu’ils revendiquent. Ils dansent sur la très intéressante trame sonore d’Olivier Choinière, qui a su mixer habilement les rythmes dont sont friands les ados à des textures sonores plus poussées et susceptibles de les intéresser. Ces moments de flottement sont particulièrement réussis, alors que tout le paradoxe nous apparaît: les protagonistes sont seuls, mais seuls ensemble.

Certains contes sont jouissifs. Notons celui de la jeune Jessica Néron, interprété par Alexandre Goyette, où un vague écolo (nous rions très jaune) s’attaque à des investisseurs forestiers. Ou encore celui d’Andrée L. Marion, joué par Martin Laroche, qui réussit à nous entraîner dans un monde inquiétant. Mais le moment fort est sans nul doute le très étrange conte du jeune Olivier Paradis-Lemieux, interprété avec grande justesse par François Gadbois. Celui-ci expose devant nous une situation pour le moins troublante en utilisant délicieusement le décrochage. Incursion organisée.

Jusqu’au 14 mai
À la Salle Fred-Barry
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