Marie-Julie Asselin : Haute tension
Scène

Marie-Julie Asselin : Haute tension

Tangente accueille la chorégraphe Marie-Julie Asselin, laquelle y va cette fois d’un Conte de poussières. Une œuvre poétique inspirée par un conte urbain de l’écrivaine Karina Mancini.

"Karina et moi sommes amies depuis longtemps, mais nous n’avions jamais collaboré auparavant. De plus, c’est un peu grâce à elle si j’œuvre présentement dans le milieu de la danse. Nous allions au cégep ensemble. Inscrites toutes deux en littérature. À cette époque, elle n’était plus très motivée par l’écriture. Elle m’arrive alors, une bonne journée, avec l’idée d’aller étudier la danse. Je n’avais jamais fait de danse de ma vie, mais j’étais un peu insouciante. Sur un coup de tête, je lui ai dit que j’allais la suivre en danse. J’en ai jamais autant bavé… J’étais pourrie. C’était la première fois de ma vie que je ne réussissais pas quelque chose avec facilité. Comme je suis plutôt du genre entêtée, ça m’a motivée à persévérer."

Ironie du sort, c’est Karina Mancini qui est maintenant écrivaine et Marie-Julie Asselin qui chorégraphie. Comme quoi nos faiblesses peuvent souvent devenir nos plus grandes forces, si on y met du temps et beaucoup de travail. Cette rigueur à l’ouvrage est d’ailleurs un des aspects du travail chorégraphique de cette jeune artiste qui aime pousser ses interprètes aux limites de l’essoufflement. "Il semble que je sois attirée par les gens qui ont une façade plutôt imposante. Je choisis donc mes danseurs un peu en fonction de cela et je les amène vers un état de fatigue qui fait tomber leurs tensions corporelles et, par le fait même, souvent, psychologiques. C’est dans ces petits moments de grâce qu’on peut voir les gens effectuer des mouvements qu’ils ne feraient pas s’ils étaient en état de tension habituelle."

Cette façon de procéder s’est avérée efficace et lui a permis, depuis ses trois pièces précédentes – Les Beltanes, L’Ove et Le Temps des loups -, de définir sa signature chorégraphique. Conte de poussières ne fait pas exception à la règle et présente encore une fois des corps projetés aux limites de leurs capacités physiques. Ceci à l’intérieur de l’univers d’Ophélie, l’héroïne du conte. Un personnage dont nous pourrons voir les multiples facettes interprétées par deux danseuses (Isabelle Chevrier et Caroline Gravel), une marionnette et sa marionnettiste (Isabelle Veilleux).

Alors que Le Temps des loups (2003) nous plongeait au cœur d’une dynamique résolument masculine, Conte de poussières nous révèle un état poétique féminin caractérisé par la notion de transformation. "Le personnage principal du conte est une femme qui a décidé de ne pas entrer dans le moule d’une société qui ne fonctionne que par l’image. C’est pour cela que personne ne la voit. Elle passe constamment inaperçue parce qu’elle ne correspond pas aux images véhiculées par tout le monde. Elle se confond avec les murs, le trottoir, la rue, la poussière, etc. Un jour, elle en a tout simplement assez de cet anonymat et désire apparaître aux yeux des autres. C’est la quête de cette femme qui nous est racontée ici."

La chorégraphe tient toutefois à préciser que même si le récit a été écrit en parallèle à la danse, il ne s’agit pas d’une pièce utilisant une sorte de pantomime narrative où chaque geste sert à représenter une action bien précise. Il s’agit plutôt d’une juxtaposition de tableaux poétiques à l’intérieur desquels on retrouve l’émotion traduite en mouvement. Une style qui caractérise d’ailleurs son écriture chorégraphique toujours accompagnée d’une trame musicale entraînante. Cette fois-ci, comme pour sa pièce précédente, la scénographie musicale a été assumée par le compositeur de talent Nicolas Dubé.

Du 13 au 16 mai
À Tangente
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