Michel Forgues : Polyphonique Main
Scène

Michel Forgues : Polyphonique Main

Depuis onze ans déjà, le TNM monte à la fin de chaque saison une pièce jouée par la Troupe des abonnés. Une troupe à géométrie variable, composée d’amoureux de théâtre et dont un petit noyau est formé de comédiens "amateurs" qui renouvellent l’expérience. "Comme metteur en scène, tu composes donc avec du connu et de l’inconnu, du prévisible et de l’imprévisible", nous dit Michel Forgues, le comédien et metteur en scène professionnel qui dirige la barque cette année. Pour cette version scénique inédite de Sainte Carmen de la Main, un classique de Michel Tremblay créé en 1976, 27 comédiens seront sur scène. "Tous les abonnés du TNM peuvent devenir membres de la troupe. Une fois inscrits, ils reçoivent des ateliers de lecture, de jeu, d’interprétation, d’improvisation, de construction du personnage, de prise de conscience de l’espace, etc. Dans un court laps de temps, je donne un échantillon d’à peu près tout ce que j’ai appris au Conservatoire."

Michel Forgues ne se sent pas du tout limité avec ce projet. Au contraire, la chimie est au rendez-vous et il se trouve plutôt gâté par ses acteurs. "Que tu sois professionnel ou amateur, le métier de comédien est toujours composé des mêmes caractéristiques et tu dois faire face aux mêmes exigences. Ça demande une générosité envers les autres, ça demande de l’humilité envers le personnage, ça demande un très grand don de soi, et en même temps, un abandon de certaines prétentions." La préparation avec cette troupe n’était pas plus grande, seulement différente. Par exemple, un acteur connu arrive avec un bagage qu’on lui connaît, ce qui fait qu’on peut s’attendre à un type de jeu. Ici, la troupe doit composer avec une grande part de surprises. "Ça t’oblige à réinventer, à faire des mises à jour, à quitter ta routine pour arriver à jouer la vie. Finalement, dit-il avec un sourire, le théâtre est un art assez exemplaire de ce qu’est la vie humaine."

Pour ce spectacle, Forgues s’est un peu éloigné du réalisme de Tremblay pour s’emparer davantage des aspects empruntés à la tragédie grecque qui sont très présents dans le théâtre de Tremblay. "Pour Sainte Carmen, on avait la permission de Michel Tremblay d’adapter la pièce en multipliant certains personnages comme Carmen ou encore Bec-de-Lièvre, avec lequel on a fait un chœur de Bec-de-Lièvre! J’ai déstructuré les chœurs et en ai fait un objet très polyphonique", nous dit celui qui, en 1986, avait adapté avec succès le roman du dramaturge, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges. "Chez Tremblay, il y a un très grand lyrisme et une poésie de la parole qui est extraordinaire. J’ai essayé de mettre ça en évidence. Le décor principal, c’est la parole de Tremblay."

Les dix premières pages du texte se dérouleront dans la salle, pour ensuite se poursuivre sur une scène dépouillée au maximum où l’on verra le filage et les briques du fond de la scène. Tout est mis en place pour faire rejaillir le texte et son aspect choral. "C’est très symphonique, très orchestral… on est loin du réalisme."

Les 27 et 28 mai
Au Théâtre du Nouveau Monde

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