3 : Coup de grâce
Scène

3 : Coup de grâce

La flambant neuve Cité des arts du cirque, joliment baptisée TOHU, abrite ces jours-ci 3, son tout premier spectacle. Histoire d’envols.

3, comme dans performance, plaisir et grâce. 3, comme dans contenu, humour et sensibilité. 3, comme dans garçons, filles et mixité. L’École nationale de cirque présente son spectacle annuel, simplement – mais si justement – intitulé 3, qui dévoile sur scène un échantillon convaincant du savoir-faire de ses étudiants. Les trois metteurs en scène, Rénald Laurin, Julie Lachance et Howard Richard, ont décidé d’exploiter les talents de ces jeunes surtout par le biais de la danse-acro, du trampoline, du cerceau, de la corde lisse, de la corde volante, de la roue allemande et de la planche coréenne. Tout ça vous semble chinois? Sachez que bien qu’on s’y perde dans la technique et ses appellations, on ne s’en émerveille pas moins, et on en rigole un brin. J’oubliais: cirque oblige, il y a aussi un clown!

Mais d’abord, il y a le lieu, tout neuf, qui à lui seul vaut le déplacement. Située tout près de l’autoroute Métropolitaine, l’École nationale de cirque occupe quelque 7000 mètres carrés du quartier Saint-Michel. Au cœur de TOHU, la Cité des arts du cirque, un édifice de huit étages abrite tous les services aux étudiants, ces derniers triés sur le volet par cette école de calibre international. La "salle de cours", où est présenté le spectacle, accueille environ 400 spectateurs et la scène se déploie sur 15 mètres de hauteur. L’endroit, donc, offre des possibilités extraordinaires tant pour les décors que pour des numéros flirtant avec les nuages et capables de stresser le plus calme des spectateurs. Et bientôt sera construit un chapiteau permanent, avoisinant cette salle, qui sera en mesure d’accueillir un plus large public et donnera encore plus de moyens à l’imagination.

Les trois créations qui composent le spectacle actuel se réunissent en un seul et même geste créatif qui, comme en un coup de pinceau, illustre tant la spontanéité que l’organisation, tant la brutalité que la tendresse, de même que l’assurance et la fragilité. On voit tout dans cette traînée de couleurs. Le premier volet arrive d’ailleurs comme un choc, carburant à la rage et à la testostérone. Non dépourvu de féminité, par contre: on y exprime aussi les doutes de la jeunesse et les tiraillements de l’amour, comme l’aspect tragique propre aux premières prises de conscience. Cette partie, composée exclusivement de garçons, et qui possède peut-être la plus grande part de contenu, fait ensuite place au volet féminin. Là, on atteint quelques moments de grâce et on flotte littéralement dans le blanc, la soie, la pureté. Les intentions, l’ambition et le chaos cèdent devant ce tableau impressionniste où la beauté respire de partout. Et arrive le volet mixte, où éclatent la fête, le rire et les sauts (très hauts, les sauts!) de joie. L’esprit d’équipe, familial, est tangible. Dans chaque tableau passe le même clown, et passe avec lui toute la gamme des émotions.

L’ensemble, touchant et impressionnant, ne laisse jamais entrevoir qu’il s’agit là de débutants.

Jusqu’au 13 juin
À la Cité des arts du cirque (8129, boulevard Saint-Michel)
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