Maxim Martin : Retour aux sources
Rappel des faits marquants. MAXIM MARTIN a cartonné à fond en début de carrière avec un premier spectacle solo trimballé partout au Québec. L’an dernier, après l’avortement de son deuxième show très mal reçu par la critique, une véritable catastrophe à lire les experts des quotidiens au lendemain de la première à Québec, il a tout lâché pour se ressaisir et trouver ce qu’il devait faire de sa vie à ce stade charnière de la trentaine assumée. "Je me suis cherché pendant un bout", avoue le gaillard sans crainte des railleries.
Mais que s’est-il passé? "On a fait une dizaine de représentations et ça n’allait pas du tout. C’était pas ce que je voulais, j’avais perdu le contrôle du show à partir de l’écriture…" Pour s’en sortir, Maxim Martin a clapoté durant des mois sur l’ordinateur avec le désir de trouver des gags qui cadrent avec sa personnalité acidulée. "Heureusement, maintenant tout va pour le mieux, je revendique 100 % des textes du prochain spectacle qui prendra l’affiche à partir de la mi-juillet au Festival Juste pour rire et qui sera présenté à travers tout le Québec." Visiblement, il a très hâte de retrouver son public le soir de la première.
Travaillant depuis quelques mois à sa visite au Grand Rire Bleue, on lui a confié l’animation de l’un des galas très courus avec Jean-Thomas Jobin, en plus de l’inclure à d’autres moments dans la programmation du festival qui fête sa cinquième année d’existence. Maxim jubile de travailler avec Jobin (la découverte de l’année au Gala des Oliviers en 2004), et cela, malgré les divergences artistiques qui séparent les deux hommes. "Jean-Thomas et moi préparons la soirée qui sera prétexte à présenter du matériel inédit." Bien que les lascars se connaissent depuis belle lurette, de forts liens se sont créés depuis la mise en chantier du projet. Sauf qu’en milieu de parcours, devant l’absurdité de certains commentaires de son interlocuteur, MM aurait avoué candidement à son compagnon en plein rush d’écriture: "J’ai peur de ne pas sortir de ta bulle si j’y entre."
Mode de vie…
Interrogé sur sa nouvelle vie de papa qui a tout transformé, il demeure discret sans pour autant dissimuler son enthousiasme. Et lorsqu’on lui dresse un portrait probable de la façon dont il vieillira, Max s’attaque gentiment au Viagra, la petite pilule bleue qui fait lever tant de blagues chez la fraternité des humoristes mâles hétéros du Québec, professionnels et amateurs. Réponse du tac au tac à propos de l’objet de désir à la mise en marché impossible à ignorer: "J’espère juste ne pas en avoir besoin avant longtemps." Et d’ajouter pour éviter d’avoir l’air d’un gars qui aurait peu réfléchi à la question, chose incertaine: "On rira tant qu’on voudra du Viagra, mais c’est quand même extraordinaire comme évolution! L’acte amoureux est l’une des belles choses de la vie, donc je vois pas pourquoi on devrait s’en priver…"
… et de survie
Dixième anniversaire cette année de la triste mort de Kurt Cobain, le leader de Nirvana suicidé qui avait été le sujet central d’un monologue ayant marqué les fans de la première heure de Maxim. C’était à l’époque de son premier one man show baptisé Tolérance zéro. Un spectacle qui sonnait le glas de son adolescence. Genre de suicide contrôlé d’une partie de soi qui devait disparaître. Une négation. Sa grande fascination pour le trio, qui marqua l’histoire en faisant émerger la culture underground jusqu’à la masse, autant musicalement que dans la recherche esthétique des vêtements et du mode de vie, n’a jamais cessé et il promet même d’en écouter toute sa vie. "Il est passé dans le beurre totalement, cet anniversaire, mais pas dans mon cœur par contre. La musique de Nirvana a changé ma vie, elle a éveillé mon esprit. Je suis passé de petit baveux à révolté… À cause de ça, j’ai gueulé et je suis passé à l’action." Et les disques de Nirvana, Nervermind en tête, sont toujours la trame sonore de sa vie.
Parlant d’action, outre le fait que Maxim n’a pas signé la pétition médiatisée en support à Louis Morissette – "J’ai pas eu la possibilité…" -, l’humoriste demeure engagé dans plusieurs causes parfois lourdes à soutenir. Concrètement, il a animé dernièrement une manif contre des réinvestissements massifs dans la centrale thermique du Suroît, en plus de participer à des conférences sur l’avenir de notre planète: "Tout le monde devrait assister à ça, insistera-t-il. Écologiquement, on est arrivés à un point de non-retour, on s’achète du temps qu’on n’a pas." Aucunement question de te voir au volant d’un VUS sur le pont à l’heure de pointe carbonique? "Non, j’ai une voiture normale qui boit pas trop… Mais, oui, je veux un gros 4X4; j’attends seulement que les compagnies appliquent le principe du camion hybride, ce qui devrait déjà être fait depuis longtemps… Mais là, les constructeurs n’ont plus le choix, l’essence est trop chère."
Concernant la présente campagne qui déterminera le prochain premier ministre du Canada, il doit bien exister un irritant sur lequel il serait amusant de t’entendre discourir? "Écoute, je peux pas suivre la campagne, c’est impossible pour moi, parce que dès que j’entends l’expression réductions d’impôts, je deviens fou! Ils nous prennent vraiment pour des caves…" Et lorsqu’il est question du président américain qui sollicite un second mandat, aucune retenue ni gêne, que du venin. "Bush est un crétin. Sur de faux prétextes, il agit selon un agenda personnel, et le pire, c’est que toute la planète s’en rend compte actuellement, sauf les Américains qui voient pas la game parce qu’elle est cachée." Tu as donc une sympathie évidente pour Michael Moore, qui tente de changer les choses de l’intérieur avec ses films? "Assurément, mais c’est dommage, je crois que cela va changer davantage de choses de notre côté de la clôture que du leur…"
Ce vendredi 18 juin à 20 h au Grand Théâtre de Québec avec Jean-Thomas Jobin, les Denis Drolet, François Silvant, François Léveillée, Buffo, Stéphane Poirier, Jean-Christian Thibodeau, Patrik Kuffs, Denis Levasseur, Maxime Leblanc, François-Guillaume Leblanc, Josée Boudreault, François Valade, Étienne Langevin, Benoît Paquette et Étienne Vendette.