Festival Fringe : Planches de salut
Parmi les 78 compagnies inscrites au 14e Festival Fringe de Montréal, 11 proposent des œuvres théâtrales dans la langue de Molière. À l’affiche dans six salles du Plateau Mont-Royal, les spectacles de la cuvée 2004 rivalisent de fougue et d’inventivité.
Sur la scène du MAI, Unanime Théâtre procède à une audacieuse réflexion sur la violence, une Chambre noire dont le suspense continue de captiver bien au-delà du retournement final. Si Christian Fortin y confirme sa verve et son sens inné du dialogue, les acteurs qu’il dirige (Frédéric Boudreault, Pascale Dénommée et Madeleine Péloquin) insufflent à ce polar irrévérencieux du rythme et une tension peu commune. Dans la grande salle du Théâtre d’Aujourd’hui, Douzéum présente Pas ça! Non! Pas ça!, une allégorie fantaisiste à propos de la maternité. Sur une scène remplie de jouets, 12 comédiennes (avouons-le plutôt inégales) et un jeune enfant composent une suite de tableaux rigoureusement orchestrés par Philip Wickham. Sur ce même plateau, le Théâtre Pas pour tout le monde produit Mortis Imago, une comédie noire de François Doré.
À la Salle Jean-Claude Germain, les productions Nemesis (Ottawa) font entendre les charmants Bavardages d’Élise Gauthier. Fort bien dirigées par Guy Marsan, Andrée Rainville et Claudie Émond communiquent beaucoup de fraîcheur à cet enchaînement de rencontres délicieusement absurdes. Dans un tout autre registre, Schlock Théâtre crée Des Zoombies et des hommes de Pascal Lafond. Sous la direction de Vincent-Guillaume Otis, six jeunes acteurs mettent leur manifeste talent au service d’une truculente parodie du cinéma d’horreur. Dans ce même espace, La Soif présente Marie, une création d’Éric Noël. La salle CFCF-CTV (3997, boulevard Saint-Laurent) invite à deux incursions chez Ionesco: le Théâtre de l’innommable 477 et Nadine Sarrazin revisitent Rhinocéros alors que Claude Gagnon et le Théâtre de Neuf Saisons donnent La Cantatrice chauve.
Dans l’environnement inapproprié de l’Association portugaise du Canada (4170, rue Saint-Urbain), le Théâtre des Derniers Instants propose une relecture de La Jeune Fille et la Mort d’Ariel Dorfman par Mathieu Sénécal. Si la distribution se révèle trop fragile pour une partition aussi exigeante, Kathryn Jutras offre tout de même plusieurs bons moments. Dans le même local, Marc Beaudin et le Théâtre Sans fin jouent 8 Femmes, la comédie policière de Robert Thomas adaptée au grand écran par François Ozon. Finalement, le Bain St-Michel (5300, rue Saint-Dominique) reçoit le Groupe BuildinG pour la création francophone de Shift de nuit, un texte de l’Anglo-Canadienne Patricia Ludwick. Dirigée l’année dernière par Jean-François Huchard dans une remarquable mouture de La Leçon, la touchante Julie Lallier livre, cette fois sous la direction de Bernard Lavoie, les confessions aigres-douces d’une jeune femme qui dilapide ses mille et une nuits dans une station-service.
Billetterie: (514) 849-3378
Jusqu’au 20 juin