Rent : Impératif présent
Scène

Rent : Impératif présent

En 1996, Jonathan Larson bouscule les conventions de la comédie musicale en s’inspirant de La Bohème de Puccini. Bardé de prix et traduit dans le monde entier, Rent cède la scène à de jeunes artistes new-yorkais "pris dans le rêve américain, au tournant du nouveau millénaire". Ne croyant qu’au présent, déchirés entre le besoin de créer et la difficulté de subsister, les huit protagonistes de cet opéra-rock luttent contre une société qui les désavoue. Quête d’amour et d’identité à une époque où le sida dévaste, cette histoire présente un alliage éminemment contemporain de tragédie et de romantisme.

Alors que Vincent Bolduc et Yves Morin signaient une traduction qui n’a rien perdu de l’oralité et de la richesse de sa source, l’États-Unien Evan Ensign a recréé dans les moindres détails l’implacable mise en scène élaborée par Michael Greif à la création. L’univers scénique, amalgame d’un loft industriel délabré et d’un campement pour sans-abri, s’avère aussi baroque et flamboyant que la faune qui l’anime.

Témoin et narrateur, Yanick Lanthier adopte avec sensibilité le ton qui convient au personnage de Mark. Alors que la Mimi énergique et dosée de Marie-Mai impressionne vocalement et physiquement, Jean-François Bastien communique une sincérité toute personnelle à son interprétation de Roger. Si Ariane Gauthier exprime de manière attachante la douce folie de Maureen, Annie Hébert incarne l’authenticité de Joanne avec autant de conviction. Véritable révélation, Gardy Fury démontre, sous les traits d’Angel, qu’il répond à toutes les exigences de la comédie musicale. Dans la peau de Collins, son amant, Yvan Pedneault exploite une voix magnifique et une présence scénique poignante. Les seconds rôles occupant une fonction primordiale au sein de la production, le niveau n’est pas moins relevé en ce qui les concerne. Parmi eux, Baptiste se révèle désopilant, Frédéric Dowd très en voix, Maud Beauchemin souple et émouvante et Lulu Hughes, une actrice surprenante.

Perpétuant brillamment le culte planétaire de Rent, cette première mondiale francophone traduit sans ménagement les souffrances atroces et les bonheurs extatiques de notre époque.

En supplémentaires jusqu’au 19 juin
Au Théâtre Olympia
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