Florence Cestac : Thérapie de groupe
Le Démon de midi, présenté dans le cadre du Festival Juste pour rire, c’est l’histoire folle d’une bande dessinée portée à la scène, d’abord en France, puis à travers l’Europe et maintenant au Québec. Entretien avec son auteure, FLORENCE CESTAC.
Lorsqu’elle a écrit Le Démon de midi, en 1996, la dessinatrice et scénariste française Florence Cestac n’avait pas la moindre idée qu’elle écrivait sur un sujet qui toucherait des milliers de femmes. Elle était donc loin de s’imaginer que sa bande dessinée, publiée alors chez Dargaud, deviendrait l’objet d’une pièce de théâtre reprise en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et maintenant au Québec, dans une première mise en scène de Dominique Michel et interprétée par Valérie Blais. "Je suis surprise du chemin qu’a fait Le Démon de midi car quand je l’ai écrit, c’était avant tout thérapeutique pour moi, puisque c’est quelque chose que j’ai vécu. J’ai écrit cette histoire dans la rage, pour me libérer. Puis un jour, j’ai reçu un fax de Michèle Bernier, qui voulait l’adapter pour le théâtre avec Marie Pascale Osterrieth. J’ai tout d’abord cru que ça ne se ferait jamais et puis voilà! Le tournage du film aura même lieu cet été. Il sera réalisé par Marie Pascale, tandis que Michèle tient le rôle principal. C’est Claude Berri qui produit", raconte Florence Cestac, rencontrée en mars dernier dans un restaurant parisien.
Difficile de croire que la dessinatrice, mieux connue par les amateurs de bédé pour ses personnages aux gros nez et ses albums racontant les aventures des Déblok, n’ait pas vu venir le succès du Démon de midi, qui raconte la tragédie hilarante d’une femme que son mari quadragénaire abandonne pour une autre, plus jeune. "Je ne me rendais pas compte que d’autres femmes vivaient la même chose car la bande dessinée est un milieu masculin. Avec Le Démon de midi, je me suis taillé une clientèle qui n’achète habituellement pas de bandes dessinées. Le bouche à oreille a très bien fonctionné en ce qui concerne ce numéro. Les femmes le recommandaient à leurs amies touchées par le même drame, en leur disant que ça leur ferait du bien", se rappelle la dessinatrice. Effectivement, impossible de ne pas tomber, dès les premières pages, sous le charme de l’histoire imaginée par Florence Cestac. Le Démon de midi traite d’un sujet universel, mais c’est aussi une histoire qui raconte avec un humour et un sarcasme truculents toutes les étapes qui suivent l’abandon de monsieur, lorsqu’il est frappé par le démon de midi et qu’il part à la recherche de pâturages plus verts. "J’ai reçu des milliers de lettres après la parution de la bande dessinée, mais la plus belle, c’est celle où une femme me dit que je vais être milliardaire si toutes les cocues de France achètent trois albums – un pour la femme cocufiée, un pour le mari et un pour sa maîtresse!" dit en riant la dessinatrice, aujourd’hui tout à fait remise de sa mauvaise expérience. Même si elle s’inspire toujours de ce qui se passe autour d’elle pour écrire ses histoires, Florence Cestac admet qu’elle a été très émue quand elle a assisté à la première du Démon de midi, en France. "Toute l’émotion que j’ai vécue à l’époque a été bien retransmise dans la pièce et je crois que le public montréalais sera autant touché que moi", estime la bédéiste, qui assistera évidemment à la version mise en scène par Dominique Michel.
Cette entrevue a été réalisée sur l’invitation de Juste pour rire.
À compter du 2 juillet
Au Théâtre du Rideau Vert