Stéphane Hogue : La divine comédie
Scène

Stéphane Hogue : La divine comédie

Cette année, le Petit Théâtre du Nord nous présente une création de l’auteur et metteur en scène STÉPHANE HOGUE. La compagnie des Laurentides, connue pour l’inventivité de ses textes et la qualité de ses productions, affiche Terminus, une pièce qui questionne de façon humoristique les travers humains et la peur de la mort.

Un homme sombre dans le coma à la suite d’un déraillement de train. Des fantômes sont alors dépêchés sur les lieux par celui qu’on appelle le Boss pour distraire son âme en attente. "Je suis parti de l’idée du tunnel dont les gens parlent toujours, se souvient Stéphane Hogue, et j’ai imaginé qu’on pouvait rester coincé dedans lorsqu’on ne meurt pas sur le coup", explique l’auteur à qui l’on doit le corrosif Ceci n’est pas une pipe et Le Théâtre des opérations. "Dans son infinie bonté, le Boss, sachant que ce sort est cruel, facilite le passage en demandant à des revenants de divertir les moribonds en attendant."

Seuls certains esprits peuvent toutefois s’acquitter de cette tâche délicate et il s’agit… d’acteurs décédés. "Il y a de petits clins d’œil au métier, à la représentation, poursuit Hogue, visiblement amusé de la corrélation. Un des comédiens morts est un acteur du TNM qui fut fauché en pleine gloire à 28 ans. Il refuse évidemment son nouveau statut d’amuseur de tunnel. Pour lui, être un acteur était beaucoup plus noble, il se sent moins valorisé depuis que la foule ne l’acclame plus. Le métier d’acteur n’est pourtant pas si éloigné, au fond, de la tâche de "passeur". Nous avons un énorme besoin de fiction, de nous faire raconter des histoires."

Cependant, les revenants jonglent avec le fictif et le réel. "Je voulais garder l’idée du film en accéléré que l’on est censé voir au moment de notre mort, explique gaiement l’auteur. Les fantômes d’acteurs rejouent donc ces scènes. Mais l’ambiguïté plane tout de même. S’agit-il de représentations ou de souvenirs dans l’imagerie de l’agonisant? Le flottement est voulu. Tout comme dans la scénographie. Est-ce un train réel ou la réminiscence d’un train? Nous avons représenté les lieux de façon à peu près réaliste mais le point de fuite est étrange, tout semble légèrement décalé, ce qui nous permet de croire que la frontière entre la vie et la mort peut parfois être mince."

Outre ce thème, la cruauté et la compassion se retrouvent souvent dans les écrits de Hogue. Terminus semble s’inscrire dans cette voie. "La mort me fascine, particulièrement le fait que certains la préfèrent à la vie, explique celui qui sait habilement transformer le tragique en humour grinçant. Ce qui est important, c’est de ne pas tomber dans le cynisme et porter un jugement. Je me place d’égal à égal avec mes personnages comme avec les spectateurs. Nous sommes tous des êtres humains et nous sommes tous complexes. Autant le dire avec ironie…" Du théâtre d’été très différent.

Du 2 au 24 juillet

Au Parc du Domaine Vert à Mirabel

Réservations: (450) 419-8755