Cabaret Décadanse : Danse lascive

Les trois complices, visiblement grisés par l’aventure qui les conduit depuis quelques années à faire le tour du monde, se souviennent en riant des expérimentations du début. "Il n’était nullement question de faire un spectacle avec ça!" se souvient Raynald Michaud, directeur du Musée Juste pour rire et co-concepteur de Cabaret Décadanse. "On s’était dit à la blague qu’on irait voir comment se passent les auditions du théâtre de rue, mais disons que notre marionnette pour adultes détonnait pas mal!" s’esclaffe à son tour Serge Deslauriers.

Ce qui fut pourtant un spectacle de rue à succès pendant quelques années se retrouve maintenant en salle dans une réelle ambiance de cabaret, où les marionnettes (une diva, un travesti, un latin lover et j’en passe) viendront livrer leurs numéros égrillards sous la direction d’une maîtresse de cérémonie non moins luxurieuse. "Nous voulions montrer que les manipulateurs peuvent aussi être manipulés, explique cette fois Enock Turcotte. Parfois, le caractère de la marionnette s’impose malgré nous. Alors nous avons voulu inclure cette ambiguïté dans le spectacle." Pas question, donc, de voir des manipulateurs en cagoules. Ceux-ci seront en relation avec leurs marionnettes, un peu à l’image de la compagnie Kobol. Érotisme en plus.

Malgré la reconnaissance de la compagnie, tant en Asie qu’en Europe, la marionnette pour adultes demeure un médium méconnu. "Combien de fois entendons-nous des gens rechigner à l’idée d’aller voir de la marionnette? souligne Turcotte. Nous avions envie de briser ça, de conquérir le public. Étant trois personnes très différentes, c’est un bon signe lorsque nous sommes tous les trois tordus de rire. C’est que nous rejoindrons probablement différents types de spectateurs."

Les créateurs doivent aussi leur succès à leur acharnement à reproduire le mouvement de la façon la plus précise possible. "Je me plais à dire que ce que nous faisons, c’est la Formule 1 de la marionnette, explique Deslauriers. Malgré le petit format, la manipulation est raffinée. On s’amuse à peaufiner depuis tellement d’années…"

Reste qu’une marionnette faisant un strip-tease puis chantant Summertime vêtue d’un simple pagne peut laisser présager un spectacle interdit aux enfants. Mais le trio se défend bien de faire du trois X. "Nous préférons dire que nous abordons la sensualité à travers la marionnette, précise Michaud. Nous ne sommes jamais vulgaires. Offusquer les gens n’est pas du tout notre but, bien au contraire." Serge Deslauriers préfère parler de séduction: "Réussir à faire oublier quelques instants le triste état dans lequel la planète se trouve, peu importe le pays où nous sommes, c’est pour moi un petit miracle en soi…"

Du 12 au 22 juillet
Au Studio du Musée Juste pour rire
Voir calendrier Théâtre