Frères de sang : Comme deux gouttes d’eau
Directeur artistique du volet estival du Centre culturel de Joliette depuis 2001, René Richard Cyr pilote cette année Frères de sang, la première francophone d’un drame musical de Willy Russell (Shirley Valentine) créé en 1983. Après les brillantes relectures des Parapluies de Cherbourg et de L’Homme de la Mancha, les Productions Libretto proposent un mélodrame qui, malgré qu’il tienne valeureusement l’affiche d’un théâtre londonien depuis 1988, présente bien peu d’intérêt.
Pourtant signés par un auteur, compositeur et scénariste britannique acclamé, les textes de ce théâtre musical déçoivent. Traduits par Maryse Warda et René Richard Cyr, dialogues et chansons simplistes offrent très peu de matière aux onze membres de la distribution. Douloureusement commentée par un narrateur superflu, la schématique et prévisible anecdote de la pièce empêche de communier au destin tragique des personnages. Illustrant les méfaits de l’injustice sociale, cette histoire de frères jumeaux séparés à la naissance ne parvient que très rarement à s’émanciper des clichés. Loin de compenser les faiblesses dramaturgiques, l’aspect musical du spectacle (dont Benoît Sarrasin assume la direction et les arrangements) verse la plupart du temps dans la mièvrerie.
En plus de confirmer ses grandes qualités de comédienne, Maude Guérin déploie ici une voix troublante, un registre chaud et profond qui ne laissera personne indifférent. Si Éric Paulhus présente une technique solide, Benoît McGinnis démontre une aisance peu commune dans ce périlleux mélange des genres. Alors que Geneviève Alarie fait à nouveau entendre son timbre caressant, Pascale Montreuil, elle aussi de la distribution de Pied de poule, communique à son personnage un aplomb irrésistible. Dans l’environnement sobre et polyvalent qu’ont imaginé Réal Benoît et Étienne Boucher, habilement appuyés par l’authenticité des costumes de François St-Aubin, les acteurs relèvent avec éloquence le défi posé par le passage du temps (1962-1982). Malgré une matière première bien superficielle, le savoir-faire et la ferveur des interprètes devraient accorder au spectacle un bel avenir.
Jusqu’au 14 août
À la Salle Rolland-Brunelle du
Centre culturel de Joliette
Voir calendrier Théâtre