Michel Mpambara : Black & White
Scène

Michel Mpambara : Black & White

Après s’être plaint du fait qu’Il y a trop de Blancs au Québec dans son premier one-man show, le monologuiste rwandais MICHEL MPAMBARA revient avec du nouveau matériel, toujours livré avec son enthousiasme tapageur.

Avant de présenter son deuxième spectacle solo dans la métropole l’automne prochain, Michel Mpambara vient tester cet été de nouveaux numéros à la Maison de la culture de Gatineau. Chaque soir, le spectacle diffère, puisqu’il retire et ajoute du matériel au fur et à mesure, en plus de présenter un contenu stable tiré de son premier opus. "Je me suis dit que ce serait trop fou d’essayer tout en même temps!" lance l’humoriste fébrile au lendemain de sa première.

Mpambara a ajouté à son spectacle beaucoup de contenu autobiographique, comme le fait d’avoir grandi avec deux domestiques ou celui d’avoir perdu son père alors qu’il avait trois ans et demi. "Ça m’a beaucoup gêné de parler de ma relation avec mon père. Ça m’a pris beaucoup de temps avant que je me décide à le faire. C’est pas évident, les choses personnelles. On ne se plaint pas de ce genre de choses en Afrique. On peut partager, mais ça en reste là." Il traite également de la formation théâtrale qu’il a reçu au niveau collégial et de sa difficulté de jouer des classiques québécois avec son accent. C’est dans cette lancée que l’humoriste se travestit en offrant un court extrait de Hosanna de Michel Tremblay. "J’ai aimé les réactions à ce numéro, il y avait des rires, mais les gens écoutaient le discours par rapport à l’homosexualité. J’aime bien l’effet de surprise que ça crée, puisque quelques minutes avant, je fais le macho en parlant d’un ménage à trois et que tout d’un coup, je deviens une femme fragile, vulnérable", explique en gesticulant celui qui a immigré au Québec à l’âge de 17 ans.

La question de l’immigration occupe d’ailleurs toujours une place importante dans l’écriture de Mpambara. Mais pourrait-il en être autrement? "Si c’était enrayé, j’aurais pas besoin d’en parler. Si tout le monde en parlait, ça n’aurait plus lieu", explique Mpambara, qui a tenu à faire un clin d’œil au récent scandale de Maka Kotto. "Il aurait dû rester dans l’humour, parce qu’en humour, quand on dit nègre, ce n’est pas grave! lance-t-il sur un ton de dérision. Non, ce n’était pas professionnel de la part de l’attaché politique. Si t’es fâché, fâche-toi contre un être humain, mais ne mets pas ça sur le compte de sa couleur. C’est bas! En plus, c’était manquer de respect à ceux qui l’avaient élu", explique l’articulé auteur, qui tient depuis peu une tribune dans La Presse. "Nous, ça ne nous étonne pas, on vient du Rwanda. Le mot nègre, c’est comme si on y était habitués. Pour ma part, les mots ne m’ont jamais dérangé, c’est l’intention qui est derrière qui me dérange."

Rectifications
De prime abord, on avait annoncé que François Léveillée collaborait à la mise en scène du spectacle, mais Mpambara s’est rétracté: "C’est pas toujours facile de travailler son matériel avec d’autres. Il était parti sur une façon de faire qui ne m’allait pas. Moi, j’aime déranger, alors que lui, c’est divertir qui l’intéresse", explique-t-il, en citant en exemple un numéro qu’il a écrit sur la mort de son frère qui a été happé mortellement par une voiture, pour lequel on lui proposait d’arriver à bord d’une automobile. "C’est toujours une bataille. Je ne conduis pas et je ne veux pas conduire. Je ne me voyais pas commencer le numéro en arrivant dans un char…"

Mpambara a récemment ajouté une autre corde à son arc en jouant un des deux rôles principaux dans le dernier long métrage de Dany Laferrière, Comment conquérir l’Amérique en une nuit. Il y incarne le personnage de Gégé, un jeune Haïtien qui débarque à Montréal chez son oncle Fanfan (Kotto) – comme lui poète -, qui a dû se résoudre à conduire un taxi pour survivre. La sortie de cette comédie loufoque qui se déroule en une nuit est prévue pour décembre 2004. "C’est une expérience dangereuse, mais dans le bon sens. C’est-à-dire que j’ai beaucoup aimé ça, mais je me méfie toujours des choses trop alléchantes. Peut-être que je ferai encore du cinéma, mais pour l’instant, je me concentre sur mon spectacle", conclut Mpambara.

Jusqu’au 24 juillet, les vendredis et samedis
À la Salle Odyssée de la Maison de la culture
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