Variations sur un temps : Temps fort
Scène

Variations sur un temps : Temps fort

Avez-vous déjà passé une journée dans un Philadelphie? Eh bien en allant voir Variations sur un temps du New-Yorkais David Ives, vous réaliserez, entre deux fous rires, que vous avez déjà frôlé cet état d’être. À moins, bien sûr, que vous ne passiez votre vie dans un Los Angeles (ce qui est une autre histoire, bien que tout aussi absurde!).

Sans trop vous en dire, être dans un Philadelphie est un peu la métaphore de la loi de Murphy, mais en pire; le genre d’endroit où l’on peut vous servir du cheese steak à tout moment… Mises en scène par Pierre Bernard et Frédéric Blanchette, les cinq courtes pièces qui composent cet objet théâtral sont toutes plus farfelues les unes que les autres. Mais au milieu du saugrenu, percent des vérités sur la nature humaine aussi comiques que réalistes. Il s’agit d’une véritable partition théâtrale où s’alignent les regards, les manières, les silences, les petits gestes comme les répliques savoureuses dans un rythme époustouflant qui donne à peine le temps de respirer et de savourer l’intelligence du texte et du jeu.

Anne Dorval, Éric Forget, Élise Guilbault, James Hyndman, Marc Labrèche et Marika Lhoumeau assurent la cadence avec justesse et complicité. Le dernier tableau confirme d’ailleurs leur savoir-faire dans la précision et la rythmique comme leur capacité à manœuvrer avec ce qu’il faut de sérieux dans un univers complètement éclaté. La scène se résume pourtant à quelques mots, sur une musique de Philip Glass qui donne lieu à une chorégraphie aussi drôle que belle et impressionnante. Une finale envoûtante pour ce trop court spectacle.

Si tous ces comédiens sont vraiment convaincants, soulignons l’apport particulier de James Hyndman et d’Élise Guilbault, tout comme l’élasticité d’Anne Dorval. Malgré quelques cabotinages et certaines inégalités, comme la longueur de Variations sur la mort de Trotski, où l’on étire la sauce malgré les belles trouvailles, et comme le début du premier tableau, autour du mini-golf, qui prend un certain temps avant d’atteindre le niveau de qualité de l’ensemble du spectacle, on tombe sous le charme de cette pièce qui se déroule dans le décor très à propos de Claude Goyette, lequel se permet un clin d’œil à Magritte. L’ensemble est frais, brillant et accessible.

Jusqu’au 24 juillet
Au Monument-National
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