Rencontre Simon Boudreault et Jean-Guy Legault : Gestion de crise

Pour les impatients qui ont hâte à la rentrée, Tsunami Théâtre présente Vague de fond de Simon Boudreault et Jean-Guy Legault à la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui. Le duo d’auteurs ayant reçu le Masque de la Révélation de l’année en 2003 traite ici de la crise de la trentaine.

Après avoir créé Vague de fond à Carleton en 2003, les deux auteurs-acteurs voient leur texte repris par une jeune compagnie émoulue du Cégep de Saint-Hyacinthe. "Les gens aiment bien cataloguer", répond tranquillement Simon Boudreault quand on aborde le fait que le tandem est maintenant reconnu pour sa dramaturgie. "On apprend à dire qu’il y a des acteurs, des metteurs en scène, des auteurs, des improvisateurs, des marionnettistes. Pour ma part, j’ai voulu étudier en jeu et expérimenter à travers toutes les autres facettes dont l’écriture. Pour moi, tout est lié lorsqu’on parle de création, c’est la beauté de la chose."

Vague de fond expose donc les remises en question obligées d’un couple de jeunes mariés s’étant enfuis de l’église, de leur fille d’honneur et du prêtre, tous coincés dans une voiture au fond du fleuve Saint-Laurent. "Jean-Guy et moi aimons nous donner des défis, poursuit Boudreault. Nous voulions écrire une comédie qui soit différente de celles que nous avons l’habitude de faire. Nous avons décidé de choisir un sujet qui nous touchait directement."

Il semble que la réflexion et le bilan des trentenaires soient dans l’air, de Stéphane Bourguignon à Nathalie Barabé. "Ce questionnement n’est pas nécessairement relié à l’âge, précise Boudreault. Nous nous remettons en question à plusieurs étapes de nos vies. Je crois plutôt que la thématique revient parce que nous sommes dans une société en questionnement. Les illusions s’effritent, que l’on parle de la superpuissance des États-Unis ou encore de la société des loisirs promise qui ne semble pas être possible. Les choix qu’on a faits en tant que société ne sont peut-être pas les bons et il y a une prise de conscience de l’échec. C’est ce qui, à mon sens, explique la récurrence de ce thème dans toutes les sphères artistiques. La création est souvent un bon baromètre de ce qui se passe dans le monde. La pièce Vague de fond ne touche évidemment pas au politique, mais la crise existentielle et le bilan en sont effectivement les moteurs. Remise en question des amitiés, du couple, des choix de vie…"

Les deux auteurs, qui en sont à leur troisième pièce écrite à quatre mains, affichent une complicité qui va au-delà des compromis. "C’est beaucoup de travail, c’est sûr, indique quant à lui Jean-Guy Legault, qui ne cache toutefois pas son enthousiasme pour cette forme d’écriture. "J’ai besoin de cet échange parce que c’est stimulant, ça génère une action indéniable, comme un battement de cœur."

Jean-Guy Legault et Simon Boudreault, habituellement acteurs lors de la création de leurs pièces, doivent cette fois-ci attendre le soir de la première pour voir ce que la jeune compagnie Tsunami Théâtre aura fait comme choix artistiques. "C’est très flatteur que d’autres soient intéressés par notre discours et notre univers, d’autant plus s’ils y voient autre chose que nous", confie Legault.

Une voiture suggérée plutôt que démontrée, des flash-back reconstitués: voilà ce que l’on sait de la proposition de la jeune metteure en scène Valérie Labelle. "C’est la première fois que nous n’avons aucun lien avec l’adaptation d’un texte que nous avons écrit. Nous ne savons presque rien et je crois que c’est bien ainsi. Tout ça leur appartient maintenant. Ce qui ne nous empêche pas d’être curieux, bien sûr." Nous aussi.

Du 30 juillet au 21 août
Au Théâtre d’Aujourd’hui
Voir calendrier Théâtre