La Reine mère : Vieille chipie
Situé à seulement 45 minutes de Sherbrooke, le Centre des arts Rita-Lafontaine accueille cet été sa toute première production théâtrale: La Reine mère. Une production "de grosses pointures" avec la propriétaire dans le rôle-titre, les auteurs ANNE BOYER et MICHEL D’ASTOUS aux textes et l’homme-orchestre SCOTT PRICE à la musique.
Propriétaire d’une petite maison d’été à Ham-Sud, Rita Lafontaine a décidé d’acheter l’église du village pour la convertir en centre d’arts. L’entreprise est encore toute récente. Au moment où nous avons assisté à la pièce, les toilettes – bien que tout à fait fonctionnelles – étaient encore en chantier. Et les numéros des places étaient collés sur les bras des chaises avec du ruban gommé. Même si tout n’est pas encore complété, il y a quelque chose d’émouvant au fait d’assister à du théâtre dans cet ancien lieu de culte. La cloche de l’église sonne d’ailleurs le début de la représentation et appelle les fidèles spectateurs. Une récupération fort sympathique.
La Reine mère, c’est Marion, une veuve interprétée par une Rita Lafontaine au sommet de sa forme. À la suite du décès de son mari, Marion s’est laissé convaincre de vendre sa maison pour déménager en appartement. Mais elle ne se plaît pas dans ce logement et demande à ses trois enfants – Arlette (la trop rare Suzanne Champagne), Christian (le naturel Sylvain Bélanger) et Béatrice (l’efficace Sacha Dominique) – de l’aider à déménager. S’ensuivra une interminable valse de déménagements, Marion n’étant jamais satisfaite de l’endroit où elle habite. Toutes les raisons sont bonnes pour déménager: il fait trop froid dans l’appartement, le logement est trop loin des services, il n’y a pas de stationnement, la chambre est trop petite, elle n’aime pas le quartier… Très vite, on se rend compte que cette mère n’est qu’une affreuse manipulatrice et que ses enfants sont trop dépendants d’elle, même si l’une est devenue une redoutable femme d’affaires, l’autre, un grano-zen-nouvel-âge et la dernière, une respectable infirmière (quoiqu’un brin névrosée).
La pièce donne lieu à de bons moments, notamment lorsque le fils zen finit par prendre les nerfs. Les déménagements sont rythmés par de divertissantes chorégraphies, dont certaines sont des petits bijoux d’originalité.
Mais de la part des auteurs des excellentes séries télévisées Tabou et 2 Frères, on était en droit de s’attendre à plus de consistance dans le texte. Après six ou sept déménagements, on commence à en avoir assez des machinations de Marion. N’empêche qu’on ressort de la représentation charmé par la qualité des interprètes, l’inventivité de la mise en scène, l’humour léger qui teinte la pièce et la beauté du lieu de diffusion.
Jusqu’au 28 août
Au Centre des arts Rita-Lafontaine
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