Tout ce qui est debout se couchera : Passage obligé
Scène

Tout ce qui est debout se couchera : Passage obligé

Dans l’exploration très personnelle de la mort qu’ils nous proposent avec Tout ce qui est debout se couchera, PATRICK DROLET et OLIVIER KEMEID portent tous les chapeaux, de la recherche et l’écriture au jeu, en passant par la mise en scène. Mais ils ont un conseiller de choix…

Exorcisée par le rire (Hogue) ou encore teintée de poésie (Finzi Pasca), la mort continue de rire de nous et d’alimenter les esprits. L’acteur Patrick Drolet et le dramaturge Olivier Kemeid se sont penchés sur la modestie de l’être humain devant l’inexorable avec Tout ce qui est debout se couchera, pièce créée en collaboration avec Alexis Martin et présentée à l’Espace libre.

Déjà, le tandem Drolet-Kemeid avait exploré le sujet avec l’écriture à quatre mains de L’Homme des derniers instants, mis en lecture au PàP en octobre dernier. Mais, contrairement à cette première œuvre, la parole est ici donnée aux moribonds. "L’action se passe dans un centre hospitalier de longue durée où des mourants s’adressent à deux techniciens de surface, résume Kemeid. À cela se greffent des tableaux historiques, des moments qui évoquent l’évolution de l’attitude des hommes devant la mort à travers les âges. Nous avons effectué une véritable recherche sur le sujet au cours des trois dernières années, tant auprès d’anthropologues que de médecins, afin de comprendre les étapes du phénomène de la mort. La peur et la résignation finale semblent être des constantes…"

Le duo a donc décidé d’explorer de nouveau le thème, mais de façon plus directe. "Nous nous sommes posé trois questions qui surgissent souvent quand on pense aux derniers instants: que dirons-nous, que ferons-nous et où irons-nous, explique Drolet. Trois questions auxquelles il n’y a évidemment pas de réponse, la mort étant quelque chose qui ne s’intellectualise pas mais qui se vit. Nous avions toutefois envie d’aller voir dans le temps comment les gens avaient tenté d’y répondre."

Le défi restait de faire de tout cela quelque chose d’artistique. "La transposition se fait en suivant des personnages auxquels on s’attache", poursuit Kemeid qui ne nie pas la possibilité d’un effet cathartique dans l’acte d’écriture de cette pièce. "Nous sommes touchés de façons différentes par la mort, selon notre expérience. La réaction à ce genre de texte sera très personnelle."

Outre la recherche et l’écriture, Kemeid et Drolet ont voulu s’impliquer totalement, endossant également la mise en scène à deux et se partageant la scène, d’où l’importance d’un conseiller artistique comme Alexis Martin: "Nous interprétons une douzaine de personnages, confie Drolet. La mort étant un thème qui exige une certaine humilité, nous avons tenté de retrouver le jeu comme le voient les enfants, où une bassine sur la tête devient chapeau et une cuiller en bois devient sabre. On avait envie de s’amuser, aussi paradoxal que cela puisse paraître." Aller au bout de l’aventure, oui, mais sans s’y perdre non plus. "La mort peut être cocasse parfois, affirme Kemeid avec un air presque taquin, comme elle peut être tragique. Mais je crois qu’une réflexion sur la mort nous entraîne de toute façon à célébrer la vie."

Du 12 au 28 août
À l’Espace libre