Les hommes aiment-ils le sexe… : L’homme au pieu
Les hommes aiment-ils le sexe, vraiment, autant qu’ils le disent? C’est le titre de la pièce qui ouvrira la 25e saison de l’Espace GO. Quatre auteurs et autant de metteurs en scène ont questionné l’homme contemporain, dans l’intimité de sa chambre à coucher. Comment les hommes font-ils l’amour? Pourquoi le font-ils? Avec qui? Quand? Où? Ouuh… Aaaaaah…
Les hommes aiment-ils davantage jouir avec leur partenaire qu’accumuler des conquêtes? Le sexe animal est-il seulement le propre du mâle? Comment l’homme d’aujourd’hui se définit-il, sexuellement parlant?
Il y a 25 ans, des hommes attendaient à la sortie du Théâtre expérimental des femmes, l’ancêtre de l’Espace GO, pour cracher sur les artistes. "Nous interrogions les relations entre les hommes et les femmes de façon très provocatrice, en fustigeant le patriarcat", se souvient la directrice artistique et générale de l’Espace GO, Ginette Noiseux. Avec la création "quasi collective" Les hommes aiment-ils le sexe, vraiment, autant qu’ils le disent? (présentée du 7 septembre au 2 octobre 2004), le théâtre de la Main a voulu, en quelque sorte, témoigner du chemin parcouru sur le plan des relations entre hommes et femmes.
Parce que du chemin, on en a fait depuis Papa a raison. Des femmes libérées à celles qui aiment trop, de l’homme rose à ceux qui ont peur d’aimer, on a consacré le dernier quart de siècle à réfléchir, à analyser et à tenter de comprendre nos rapports avec le sexe opposé. "Mais qu’en est-il réellement de notre intimité, dans notre lit, avec nos hommes? demande Ginette Noiseux. On se rend compte qu’il y a beaucoup de désastres et de choses qui ne sont pas nommées. Le courant féministe, poursuit-elle, est passé par tous les questionnements portant sur la sexualité féminine, de la contraception à l’importance du clitoris. Aujourd’hui, on se questionne sur la sexualité des gars."
Les silences dévastateurs
Pour illustrer ce qu’elle appelle les "silences dévastateurs", la directrice artistique se remémore une certaine soirée entre amis: "J’ai demandé aux gars s’il leur était déjà arrivé de "cruiser" une femme très désirable, de se retrouver au lit avec elle et d’avoir la panne totale… Le silence qui s’est créé autour de la table ne m’a jamais quittée. On m’a dit: "Ginette, c’est une question qui ne se pose pas.""
Voilà donc ce sur quoi portera cette pièce. Sur ces questions qui ne se posent pas. À propos des couples qui ne baisent plus. De la "bandaison" de l’homme. De la virilité version troisième millénaire. Des questions qui espèrent bien déborder du cadre théâtral. Des questions, surtout, qui demandent aux hommes de se commettre et de parler franchement et sérieusement de leur sexualité. Ce qui n’est pas simple. En criant: "Je ne veux pas me comprendre!", le comédien Patrice Dubois, dans la pièce, lancera une réplique qui résume bien tout le malaise entourant la sexualité intime de l’homme.
Dans l’ordre habituel: Alice Ronfard et Frédéric Blanchette (mise en scène), Marina Orsini et Denis Bernard. |
Paroles d’hommes
"Les hommes parlent de cul, mais en général, il s’agit plutôt de blagues, dit Luc Lacroix, directeur des Hommes de cœur, un organisme d’entraide pour les hommes. Ils ne se confieront pas facilement à propos de leurs sentiments réels, de ce qu’ils vivent vraiment sur le plan de la sexualité." Ken Parks, 49 ans, abonde dans le même sens: "Nous parlons de sexe, bien sûr, mais ce n’est jamais personnel. Nous laissons nos femmes hors du sujet pour nous concentrer sur les stars du cinéma!" Serge Lemire, célibataire de 49 ans, a une autre opinion: "Au cours des cinq dernières années, j’ai eu des confidences de plusieurs hommes qui m’affirmaient ne pas avoir baisé depuis longtemps. Et je suis de ceux-là. Jamais on n’aurait parlé de ça il y a 20 ans. On aurait passé pour des fifis."
Au-delà des jokes de cul et des comparaisons douteuses quant à l’ampleur de l’organe pénien, comment l’homme vit-il sa sexualité au pieu? François Tardif, 27 ans, se compare à l’animal: "Dire que l’on n’aime pas le sexe reviendrait à refuser d’accepter que nous sommes des animaux. L’intensité n’est pas la même pour tous, certains repoussent leurs impulsions, d’autres les contrôlent. Et d’autres pas, malheureusement." Ken Parks est plus modéré: "La plupart des gars ne l’admettront jamais, mais s’ils pouvaient avoir du sexe deux fois par jour pour le restant de leur vie, ils préféreraient sûrement ne baiser qu’une fois par jour."
Pierre Bernard et Ginette Noiseux (codirection artistique). |
Bien sûr, pour parler de sexualité masculine et du plaisir sexuel chez l’homme, on se heurte inévitablement aux lois de la nature. Oui, l’homme pense au sexe plus souvent que la femme. "Les hommes ont une poussée de testostérone en moyenne toutes les 20 minutes", dit Yvon Dallaire, sexologue-psychologue qui s’intéresse depuis longtemps aux questions de sexualité masculine. Oui, la notion de plaisir sexuel est inscrite dans le code génétique du mâle, puisque pour assurer la survie de l’espèce, il doit semer à tous vents… "Quand un adolescent devient mature sexuellement, il devient capable d’orgasmes et de plaisir sexuel. Ce qui n’est pas le cas pour la fille, qui, elle, doit "apprendre" le plaisir sexuel. Et elle ne l’apprend que par accumulation d’expériences amoureuses et génitales agréables", poursuit M. Dallaire.
Caroline Binet et Patrice Dubois (mise en scène), Patrice Godin et Isabel Richer. |
Mais l’homme, comme la femme, est un être de raison, dit-on. "On sait que la sexualité des hommes, comme celle des femmes, est intimement liée à l’aspect psychologique", dit Ginette Noiseux. "L’être humain est capable de s’élever au-dessus du plaisir instinctif pour développer les plaisirs de son cerveau dit supérieur: le plaisir de la pensée et de la réflexion", soutient Yvon Dallaire. Sachant cela, de quoi parle l’homme quand il parle de "plaisir" sexuel?
Le porte-parole du Collectif masculin contre le sexisme (un groupe d’hommes proféministes) Martin Dufresne croit que la recherche du plaisir sexuel n’est pas la priorité chez le mâle. "Si on tenait tant que ça au plaisir, avance-t-il, les hommes ne dévaloriseraient pas autant la masturbation, qui est régulièrement présentée comme un signe de faiblesse, de ratage et de sous-virilité." Selon lui, les hommes baiseraient pour s’impressionner les uns les autres: "On peut écouter ce que disent les femmes sur la façon dont les hommes font l’amour. C’est souvent mécanique, pour impressionner, mais il n’y a pas de véritable souci de plaisir. Des analystes tendent même à démontrer que les hommes tiennent plus à accumuler des conquêtes qu’à jouir avec elles." Luc Lacroix, de son côté, parle du sentiment de "compétence" que ressent l’homme en faisant jouir une femme. "Je pense que ce qui fait le plus triper les gars, dit-il, c’est d’allumer une femme au lit."
On pourrait en parler longtemps. Et les questionnements sur la sexualité de l’homme n’ont pas fini d’alimenter les conversations. Or, on peut bien interroger l’homme, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’il nous réponde du tac au tac. De toute façon, Marie-Ève Gagnon, l’auteure à qui l’on doit le titre de cette pièce de l’Espace GO, a bien raison de dire: "La réponse, on s’en fout. C’est de poser la question qui est intéressant!"
ooo
200 billets gratuits pour assister à cette pièce
L’Espace GO invite 100 membres de Voir.ca accompagnés d’unE amiE à assister à la pièce Les Hommes aiment-ils le sexe, vraiment, autant qu’ils le disent? le samedi 11 sept 2004 à 16h. Il vous suffit d’écrire votre commentaire sur le thème-titre ci-dessous pour courir la chance d’y assister gratuitement avec unE amiE, et pouvoir rencontrer 199 autres membres de Voir.ca et passionnés de culture dans le chic lobby du théâtre Espace GO, au 4890 boulevard St-Laurent à Montréal, à partir de 15h ainsi qu’à l’entracte.
Les billets gratuits iront aux auteurs des 100 meilleurs commentaires. Le choix des meilleurs commentaires aura lieu le 7 septembre à 11h00. Les gagnants seront contactés par courriel.