Stéphane Crête et Didier Lucien : De la réalité au rêve
Plus de 15 ans après leur première collaboration, STÉPHANE CRÊTE et DIDIER LUCIEN renouent avec les joies de la création en tandem. Répondant à l’invitation du NTE, les deux aventuriers se sont lancés sur les traces de l’énigmatique Nicole.
Depuis le jour de leur rencontre, entre les murs de leur polyvalente, Stéphane Crête et Didier Lucien ne se sont jamais vraiment quittés. Au début des années 90, bien avant la LNI, Ladies Night, Les Laboratoires Crête ou Dans une galaxie près de chez vous, les deux apprentis fondent leur propre compagnie, Les Décapants, et créent Mimodrame dans le cadre du Fringe. Dix ans plus tard, le duo reprend le fil de cette expérience en partageant l’écriture et la mise en scène de Nicole, une création qui prendra bientôt l’affiche à Espace libre. "Mimodrame est en quelque sorte la genèse de Nicole, affirme Stéphane Crête. On y abordait déjà les notions d’étrangeté et de malaise, en plus de s’amuser avec les formes: le mime, la pantomime, la danse, le ballet jazz, le masque…"
Après avoir assisté à un numéro imaginé par Crête et Lucien dans le cadre du CLIM, Alexis Martin suggère au duo de développer cette prémisse au sein du NTE. "Nous nous sommes alors interrogés à propos de nos rêves et de nos fantasmes", explique Crête. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mystère plane autour de cette fameuse Nicole. "Comme le spectacle s’adresse à l’inconscient, on ne peut décrire Nicole avec des mots de notre monde", soutient-il, juste avant d’avouer que ce titre constitue également un pied de nez à la manière traditionnelle de nommer et publiciser un spectacle. Didier Lucien ajoute: "Le NTE est le meilleur endroit pour faire un truc pareil. Nous n’aurions jamais pris cette liberté ailleurs."
Alter ego
Les deux personnages au centre de cette aventure ont beaucoup à voir avec leurs interprètes. Dans les méandres d’une véritable nuit initiatique, deux individus vont utiliser la voie du rêve pour pénétrer un monde parallèle. Comme le précise Crête, "grâce au rêve, ils vont entrer dans des espaces qu’ils n’auraient pas la possibilité de connaître ou de comprendre autrement. Ils feront des rencontres qui les mèneront toujours plus loin à l’intérieur d’eux-mêmes". "C’est un peu comme si on débarquait à Oz ou au Pays des merveilles", illustre Lucien. Si les deux créateurs se défendent bien d’avoir été guidés par le personnage de Nicole, ils avouent d’emblée le rôle déterminant qu’a joué la figure polysémique du panda dans l’élaboration du spectacle. "Le panda nous hantait depuis longtemps, admet Crête. Il intervient souvent dans le spectacle, il nous guide et nous invite à découvrir des endroits mystérieux."
Pour donner forme à leur périple, les deux acteurs se sont entourés d’une solide équipe de collaborateurs. La comédienne Guillermina Kerwin, une complice de longue date, a accepté de plonger tête première dans leur univers. Nourrissant une profonde passion pour les déguisements et les perruques, les deux metteurs en scène ont confié à Louis Hudon la responsabilité des costumes et de la scénographie. Misant sur la qualité de la lumière et la dimension musicale du spectacle pour camper l’atmosphère onirique et même magique de leur parcours, les créateurs ont fait appel à Caroline Ross pour les éclairages et ont chargé leur vieil ami Stéphane Lafontaine de réaliser la conception sonore.
Crête et Lucien n’hésitent pas à affirmer que ce spectacle équivaut ni plus ni moins à une invitation dans leurs têtes. Cherchant manifestement à jouer avec les perceptions du spectateur, ils semblent avoir tout mis en œuvre pour y arriver. "Nous essayons par tous les moyens d’amener le spectateur à voir autrement, à adopter un état d’esprit qui lui permette d’accepter un univers comme le nôtre, précise Crête. Pour y arriver, nous nous assurons que le public participe au rituel qui nous amène dans le rêve. S’il est dans le même monde que nous, ce nouveau langage lui deviendra compréhensible." Conscients que plusieurs se sont cassé les dents en prenant des risques semblables, Crête et Lucien considèrent qu’ils possèdent le bagage nécessaire pour relever un tel défi. "Nous avons 20 ans d’expérience en improvisation, rappelle Lucien, 20 ans à construire des univers en très peu de temps et à partir de rien. Nous serions incapables de partir dans notre trip et de laisser le public derrière." "C’est notre passé d’entertainers qui nous poursuit!" lance Crête.
Du 7 au 25 septembre
À Espace libre
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