Rentrée théâtre – International : Tout petit la planète
Issues ou non du répertoire, les pièces étrangères sont légion dans la nouvelle saison théâtrale. Si les États-unis et la France demeurent bien présents, l’Europe centrale semble plus que jamais représentée.
MADE IN USA
En ouverture de saison, le Théâtre Denise-Pelletier programme L’Homme de la Mancha, une invitation à ceux qui n’ont pas encore goûté aux aventures musicales de Don Quichotte, mises en scène par René Richard Cyr. À la Licorne, dès le 14 septembre, Patrice Dubois et le Théâtre de la Banquette arrière auscultent la déroute de la culture américaine avec Betty à la plage, une pièce de Christopher Durang mettant en vedette Sophie Cadieux (Cette fille-là). Toujours championne en ce qui concerne la dramaturgie états-unienne, la Compagnie Jean-Duceppe propose, à compter du 8 septembre, Délicate balance. Après avoir créé La Chèvre, Daniel Roussel dirige Béatrice Picard et Andrée Lachapelle dans les dialogues cinglants d’Edward Albee. Pour la période des fêtes, Denis Bernard orchestre une rocambolesque incursion dans l’univers de la pègre. Sous la plume affûtée du dramaturge et scénariste Jason Milligan, Gilles Renaud incarnera l’un des Hommes en habits.
CLASSIQUES FRANÇAIS
Si les trois textes français qui nous attendent cet automne sont signés par des auteurs plus que consacrés, il s’agit malgré tout d’œuvres moins couramment à l’affiche. Pour entreprendre sa mise en scène de La Fausse suivante, une troisième incursion dans l’univers de Marivaux après un Prince travesti et un Triomphe de l’amour acclamés par le public et la critique, le metteur en scène Claude Poissant ne pouvait faire sans Julie McClemens. À ses côtés, Pascale Montpetit et Sébastien Delorme auront à soutenir le rythme effréné du manège marivaudien. À la Salle Fred-Barry, en octobre, Olivier Aubin et le Théâtre EVNO se mesurent aux Justes d’Albert Camus. Rarement montée, cette pièce en forme de débat philosophique aborde pourtant une question hautement actuelle: le bien-fondé du terrorisme. En novembre, le Théâtre du Double signe propose de découvrir, dans la Salle intime du Prospero, une partition méconnue d’Eugène Ionesco, Le Nouveau locataire, dans une mise en scène de Pascale Tremblay.
UN AUTOMNE POLONAIS
Afin de souligner le centième anniversaire de la naissance de l’auteur polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), le Groupe de la Veillée a choisi de lui consacrer toute sa saison automnale. Rendant hommage à l’œuvre polymorphe de l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, la programmation de cet Automne Gombrowicz conjugue cinéma, rencontres littéraires, exposition et bien sûr, théâtre. Dès le 21 septembre, Téo Spychalski dirige une distribution exclusivement masculine en adaptant Trans-Atlantique, un roman dont l’action se déroule à Buenos Aires au début de la Seconde Guerre mondiale. En novembre, Carmen Jolin mène une étude s’appuyant sur le premier roman de Gombrowicz, Ferdydurke, alors que l’actrice Liliana Komorowska conduit un laboratoire autour d’un conte intitulé Le Banquet chez la Comtesse Fritouille.
TRAGÉDIES D’ALLEMAGNE
En novembre, à la Salle Fred-Barry, Daniel Paquette et la Société Richard III, créateurs d’une adaptation remarquée du Méphisto de Klaus Mann, revisitent L’Éveil du printemps, une "tragédie enfantine" de Frank Wedekind. Après avoir magnifiquement théâtralisé le parcours de Sylvia Plath (des reprises de la Cloche de verre sont prévues au Quat’sous en décembre), Brigitte Haentjens s’attaque à l’héroïne tragique par excellence: Médée. Ayant démontré ses affinités avec les partitions radicales de Heïner Muller, la directrice de Sybillines a choisi d’apprivoiser le mythe par l’intermédiaire de sa plume acérée. Pour ajouter à l’événement, Médée-Matériau, présenté à l’Usine C en octobre, marquera également le retour au théâtre de la comédienne Sylvie Drapeau. À l’Espace Go, en octobre, le Théâtre de l’Opsis franchira la quatrième station de son cycle Oreste. Luce Pelletier signera la mise en scène d’Elektra d’Hugo von Hofmannsthal avec Suzanne Clément (La Sirène et le Harpon) dans le rôle-titre.
La Serbe Biljana Srbljanovic, dont la Salle intime du Prospero accueillera en octobre la pièce Histoires de famille. |
IRLANDE, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, SERBIE ET ITALIE
À la Licorne, en octobre, Philippe Soldevila dirige la première mondiale francophone de Doldrum Bay, un texte de l’Irlandaise Hilary Fannin traduit par François Létourneau. Empruntant la lorgnette du couple, cette pièce jette un regard vitriolique sur les rapports de plus en plus étroits entre l’art et l’argent. En novembre, au TNM, François Girard porte à la scène Le Procès de Kafka, une adaptation théâtrale réalisée par le romancier Serge Lamothe. En plus de mettre en vedette Alexis Martin, Pierre Lebeau et Isabelle Blais, ce spectacle misera sur la puissance scénique d’un chœur de 8 comédiens. En octobre, dans la Salle intime du Prospero, le metteur en scène roumain Theodor Cristian Popescu dirigera Histoires de famille. Cette pièce, signée par la Serbe Biljana Srbljanovic, fait apparaître une Serbie foisonnante. En novembre, au TDP, Jean-Guy Legault unit les Jumeaux vénitiens de Goldoni au quotidien d’une troupe d’acteurs divisés par un conflit esthétique. Le chant, l’acrobatie et les masques seront à coup sûr au rendez-vous.