L'Amour à la carte : Du théâtre… à l'oral!
Scène

L’Amour à la carte : Du théâtre… à l’oral!

Avec L’Amour à la carte, le Théâtre de l’Île s’attaque aux "bibittes" de la cinquantaine, avec ses craintes, ses obsessions et ses névroses! Pot-pourri…

À l’occasion de son 50e anniversaire, Jean-Louis, un auteur bon viveur, offre à son ami Philippe, un statisticien pantouflard, un cadeau pour le moins insolite: un abonnement à une agence de rencontre hors du commun. Plutôt que d’avoir à se décrire pour attirer l’âme sœur, il doit rédiger une liste des 10 qualités qu’il recherche chez la femme idéale. Après plusieurs remises en question quant au contenu de sa liste, Philippe la complète et voit apparaître, le soir même, la femme décrite à la porte de son appartement: la belle se nomme Josiane.

Ce synopsis est celui de la pièce L’Amour à la carte, une comédie de Norm Foster traduite "à la québécoise" par Josée La Bossière à la demande de Gilles Provost. Familier avec l’œuvre de Foster, le directeur artistique s’est offert le plaisir de mettre en scène cette pièce loufoque en faisant appel à un trio de ses fidèles comédiens: Richard Boisvert (Philippe), Chantale Richer (Josianne) et Claude Lavoie (Jean-Louis). Ce dernier, qui a joué des rôles principaux dans sept pièces de l’auteur, décrit celle-ci comme étant de loin la meilleure. "Avant, c’était des pièces d’un plus jeune auteur: il y avait beaucoup d’action, beaucoup de rebondissements, mais il manquait un peu de chair sur les os des personnages. Il est maintenant dans la cinquantaine et fait preuve de beaucoup plus de maturité dans son écriture. Foster joue lui-même dans ses pièces et j’ai l’impression qu’il est toujours un de ses personnages, une symbiose se crée alors", explique Claude. "Il touche beaucoup notre génération, d’ajouter Chantale Richer. Les questions qu’il aborde, on se les pose aussi: la recherche du bonheur, de la perfection… Le thème de la solitude, de la hantise de vieillir. Les questions d’amour et d’amitié aussi. La palette d’émotions est vraiment déployée au maximum."

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Telle une recette préparée, Josiane arrive donc dans la vie de l’homme divorcé qui n’était pourtant pas à la recherche d’une flamme. Elle répond en tous points aux qualificatifs de la liste: elle est imprévisible, ambitieuse, passionnée, elle aime embrasser, parler et aime… l’amour oral! "Ça serait un bon titre ça, L’Amour oral! rigole Claude Lavoie. C’est vrai, être sur scène, c’est comme faire l’amour oralement au public! On lui parle d’amour alors…"

Avec un peu plus de sérieux, le comédien explique que ce fait pousse les personnages à se poser des questions quant au caractère réel de l’intruse. "La volonté de Josiane n’est jamais interrogée dans la pièce, elle est simplement l’idéale de Philippe. Cela permet aussi de se demander qui choisit l’autre quand on est en couple…" commence Chantale. "On pense que parce que la femme rêvée de Philippe est entrée dans sa vie, elle va automatiquement l’aimer, alors que ce n’est pas nécessairement le cas", continue Richard. "C’est un peu le nœud de l’histoire que de comprendre le but de son existence. Ses goûts, ses désirs à elle, on n’en tient pas compte. Elle n’existe pas pour elle mais se contente de rendre quelqu’un heureux, comme un génie", termine Claude.

Ce côté fantaisiste est relativement nouveau dans l’univers de Foster. Les deux personnages s’amuseront plus tard à tester la femme fatale en changeant des éléments de la liste. "On n’a pas besoin de changer cinq qualités pour qu’elle se métamorphose, on ne change qu’une qualité et c’est une autre femme", constate Richard.

C’est d’ailleurs en raison du quatrième point explicite de la liste et de ses répercussions que le spectacle est strictement réservé aux adultes. "Le spectacle est intéressant à regarder, c’est un feu roulant, ça n’arrête jamais. C’est pas qu’on est gênés, mais j’ai déjà eu à dire des choses osées alors qu’en première rangée une fille de six ans me regardait avec des yeux ronds…" se remémore Richard Boisvert avec ennui. "Par contre, j’inviterais un jeune de 15 ans dont les parents sont dans la cinquantaine à venir voir la pièce! Surtout si ses parents sont en instance de divorce ou si un des parents est célibataire, ça pourrait franchement l’intéresser!" constate Claude Lavoie.

"Je sais pourquoi Gilles nous a choisis, on en a déjà parlé en répétition… avance Chantale Richer, amusée. C’est que nous trois, je pense qu’on est des bibittes rares dans la région. C’est qu’on est des gens à qui tu peux demander de faire quoi que ce soit puis on va le faire! On n’a pas de pudeur sur scène! On peut essayer n’importe quoi! Enfin… je ne parle pas de nudité, là…"

Jusqu’au 23 octobre, du mercredi au samedi
Au Théâtre de l’Île
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