La Putto Machine : Morceaux de choix
Scène

La Putto Machine : Morceaux de choix

La Putto Machine débute ses activités en montant Les mains libres, une relecture du Novecento d’Alessandro Baricco.

Il fallait une bonne dose de courage pour décider de porter de nouveau à la scène le Novecento de Baricco. C’est que la transposition de François Girard au Quat’Sous en 2001 en avait ébloui plusieurs. La toute jeune compagnie de théâtre Putto Machine (putto: bébé nu et fragile, en italien) nous offre ici une variation à trois voix du récit, variation mise en scène par Mathieu Leroux.

Novecento, c’est ce pianiste prodige né sur un bateau qui refusera toute sa vie d’en descendre. C’est aussi la découverte de deux mondes distincts, le maîtrisable et l’impondérable. La Putto Machine attribue la narration à trois acteurs s’échangeant les répliques et les personnages, mais elle accentue également l’idée d’une reconstitution des faits. Pour ce faire, la compagnie utilise la marionnette à gaine et à vue, le théâtre d’objet, le masque, la danse, la voix hors champ, bref, tout ce qui peut contribuer à créer une distanciation évidente. L’emploi d’un micro en plastique, d’apartés mais aussi de marionnettes mortes (visiblement abandonnées par le manipulateur) participe à garder le spectateur dans une restitution évidente.

Si l’idée de départ en vaut une autre, la mise en pratique reste quelque peu décevante. Outre le fait d’avoir voulu tout mettre dans ce premier objet théâtral, au risque de perdre une certaine cohérence, la Putto Machine ne réussit pas à transcender la technique. La démonstration, qu’elle soit par le jeu corporel ou par la marionnette, annule tout effet poétique. Pourquoi vouloir qu’une marionnette joue du piano ou encore descende un escalier, si ce n’est pas pour transposer le geste? On n’y voit alors qu’absence de maîtrise. Il en va de même pour le jeu corporel, qui atteint rarement un niveau poétique. L’ingénieuse scénographie (Bénédicte Parmentier) qui utilise les "panneaux-orage" comme fond de scène recèle aussi des promesses non exploitées.

Toutefois, la Putto Machine laisse entrevoir un talent certain, sous ses petits égarements des débuts. Ne serait-ce que pour cette ouverture de spectacle rappelant l’imagerie d’Omnibus ainsi que la main émergeant d’une valise, la portée devenant fresque et cette longue minute d’acquiescement dans le silence. Il ne reste plus qu’à privilégier une esthétique et la porter jusqu’au sublime.

Jusqu’au 18 septembre
Au Studio du Monument national
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