Les 7 doigts de la main : À un doigt…
Les 7 doigts de la main: un spectacle agréable… malgré la visite.
Au Québec, quand on pense cirque, on pense Cirque du Soleil. Le spectacle des 7 doigts de la main vient un peu briser le moule, et c’est d’abord cette heureuse réalité qui frappe. Ça se traduit par une approche plus intime de ce moyen d’expression; d’abord, la troupe nous accueille littéralement (trop en dire gâcherait un certain effet) et ensuite, la mise en scène comme les numéros ramènent les artistes à ce qu’ils ont de plus humain. On sent les individualités, les différences, et la trame narrative montre clairement les forces de chacun en plus de jouer avec ses faiblesses.
Shana Carroll, trapéziste, Isabelle Chassé, contorsionniste aérienne, Patrick Léonard, comédien et jongleur, Faon Shane, circassienne multidisciplinaire, Gypsy Snider, clown, Sébastien Soldevila, acrobate, et Samuel Tétreault, équilibriste, forment Les 7 doigts de la main et sont accompagnés en musique par DJ Pocket. À l’exception de ce dernier complice, tous dansent, chantent, jouent et se mêlent des disciplines de chacun avec talent et maîtrise. Avec quelques petits ajustements et resserrements, le spectacle, tel que présenté dans sa version originale en 2002, serait probablement parfait. Mais bien que la saveur semble conservée et que l’ensemble soit parsemé de moments touchants, la version préparée pour inaugurer l’extraordinaire salle circulaire de la TOHU en fait un peu trop. Elle dilue sa force par une série d’invités qui tentent, malgré leurs indéniables qualités, d’introduire leurs numéros dans un concept plutôt figé.
Si DJ Pocket, qui par ailleurs fait un travail stupéfiant et remarquable, s’intègre bien au concept et au ton général du tableau, on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres invités qui se collent à cette version plus festive du spectacle. Le clown Denis Lacombe a beau être bon, on comprend mal ce qu’il fait là. Les finissants de l’École de cirque trouvent assez bien leur place, surtout que leurs numéros se sont améliorés (je pense entre autres à Jérémie Robert et à Stéphane Beauregard, spécialistes de la planche coréenne), mais reste que le rythme est brisé. Même chose pour Yann Perreau, qui joue parfaitement le jeu: il est bon, il apporte une couleur intéressante et peu de chanteurs auraient pu en faire autant (peut-être M?), mais l’équilibre des 7 doigts a été bousculé. Le tout souffre de cette formule cabaret qui pourrait être filmée comme une émission de variétés. Parlant pellicule, le support visuel apporté par les petits films projetés sur la scène est sympathique et réussi, mais encore là, quelques sacrifices seraient justifiés.
L’humour véhiculé par la troupe est des plus charmants, c’est d’ailleurs ce qui renforce le plus efficacement cette volonté de proximité. Le charisme des artistes ainsi que cette liberté qu’ils affichent, leur permettant d’échanger des sourires et de se déplacer sur scène pendant le numéro des autres, dénotent une complicité peu commune très communicative.
Bref, bien que très accueillants, Les 7 doigts de la main ont intérêt à se retrouver entre eux.
Jusqu’au 25 septembre
À la TOHU
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