Cross-fade : Le bien d'autrui
Scène

Cross-fade : Le bien d’autrui

Pour Cross-fade, Lydia Wagerer a su bien s’entourer, même si elle est la seule danseuse de ce programme double où l’humain et la technologie se côtoient.

Un petit public de curieux assiste à une répétition de la pièce Cross-fade. Sur la scène, Lydia Wagerer est en compagnie de Jocelyn Robert à la console sonore et d’Éric Gagnon à la console vidéo. La danseuse exécute une courte séquence de mouvements, d’abord seule, puis avec le son, la vidéo et la lumière. De toute évidence, les éléments artistiques s’influencent. Certains mouvements, par exemple, deviennent moins secs lorsque la musique s’ajoute.

"Cross-fade, c’est la rencontre entre nous trois, c’est d’être teintés, influencés par l’autre et par son médium", expliquait en effet la chorégraphe en entrevue, plus tôt dans la journée. Artistes à part entière, les deux gars, avec tout leur équipement électronique, partagent vraiment la scène avec la danseuse. La vidéo et la composition sonore créent une atmosphère et un espace pour la danse.

Originaire de Toronto, mais maintenant bien installée à Québec comme chorégraphe indépendante, Lydia Wagerer ne crée jamais en vase clos. Son oxygène à elle, c’est l’échange avec d’autres artistes. Pour la pièce-titre Cross-fade, Wagerer, Robert et Gagnon ont décidé de se laisser assez de souplesse pour pouvoir réagir à l’instant présent, à ce que font les autres au cours du spectacle. Bien que les mouvements soient en bonne partie chorégraphiés, la danseuse se permet ainsi une certaine part d’improvisation. Quant aux deux gars, ils manipulent sur le vif leurs banques de sons et d’images.

C’est évidemment sur la danseuse que repose la plus grande partie de la pression de la performance puisque son outil à elle, c’est l’humain. Et en plus d’être à l’écoute des deux autres personnes sur scène, elle est en communication directe avec les spectateurs. "Je suis comme le pont avec le public. En tout cas, je le vis comme ça."

Plus courte, l’autre pièce au programme, intitulée Green Glass, parle du conflit entre la dimension naturelle de l’humain et le monde technologique où il vit. Il s’agit d’une œuvre créée sur mesure par la chorégraphe montréalaise Irène Stamou. "Ce qui m’a toujours attirée chez elle, c’est la féminité de son travail, le côté femme fonceuse", déclare Wagerer pour justifier son choix. Les deux chorégraphes indépendantes partagent également une gestuelle à la fois linéaire et viscérale.

Alors que Lydia Wagerer conçoit toujours ses propres solos comme un dialogue entre elle et le public, Irène Stamou convie plutôt le public à assister au monologue intérieur de l’interprète. "C’est ce qui me ressemble moins: le côté plus sensuel, sexuel, intériorisé. Elle m’amène dans une recherche plus profonde sur moi-même."

Lorsqu’elles ont amorcé leur première collaboration l’été dernier, les deux femmes ont eu la surprise de constater qu’elles étaient toutes les deux enceintes, ce qui a ajouté à leur complicité. "J’ai un grand plaisir à interpréter la pièce", conclut la danseuse, dont le ventre commence d’ailleurs à s’arrondir.

Jusqu’au 2 octobre à 20 h
À la Salle Multi
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