Théâtre Loyal du Trac : Amour fou
Trois cents spectacles plus tard, le Théâtre Loyal du Trac vient présenter à Montréal Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu? Rencontre avec l’un de ses créateurs, Éric de Staercke.
"La première et la seule fois où nous avons présenté chez vous Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu?, raconte Éric de Staercke, c’était lors de la Bourse Rideau à Québec, dans des conditions de festival (à 9 h 30 le matin), et ça s’est très bien passé. Par contre, ça a pris un certain moment avant que les gens se disent: "Ah, mais c’est pour rire! Ils ne sont pas vraiment comme ça, ils jouent!" Éric de Staercke est l’un des trois auteurs de cette pièce qu’on pourrait qualifier de comédie satirique, alternant sans arrêt "entre la clownerie et le réalisme". Il joue également dans le spectacle tout comme ses deux collègues auteurs, Sandrine Hooge et Serge Bodart. "Il s’agit d’une véritable troupe où absolument tout se fait en équipe."
Comme son nom l’indique, le spectacle, musical et burlesque, tourne autour de l’amour dans une suite de tableaux rythmés. Prenant l’insoutenable solitude comme point de départ, nos comparses ont tissé une série de scénarios loufoques pour mettre fin à cet état. Le résultat, paraît-il, est décapant. À défaut de proposer des solutions, la troupe jette un regard incisif sur les relations amoureuses et sur la solitude sans craindre de tomber dans l’outrance. On y parle d’infidélité, de machisme, de sexisme, d’amours déchus, de blessures profondes. Tout ça peut être envoyé crûment, violemment, mais enrobé d’une sauce aigre-douce qui nous rappelle que tout se joue à un autre degré: celui de l’humour et de l’analyse intelligente de nos revers.
D’après Benoît Vaillancourt, directeur artistique du Théâtre du Bic et "parrain" de la tournée, personne au Québec n’aurait pu créer une pareille production. Est-ce que De Staercke a peur que l’imaginaire particulier de la troupe n’effraie les Québécois? "Je n’ai pas de craintes, au contraire, ça m’excite beaucoup! Le spectacle, on l’a joué plus de 300 fois! On a donc tourné au Maroc, à l’Île de la Réunion, en France, en Suisse, en Belgique où on l’a écrit. Les réactions sont forcément très différentes d’un pays à l’autre; on ne rit évidemment pas aux mêmes endroits au Maroc et à l’Île de la Réunion! Mais on joue le texte intégralement. À l’occasion, pour la France par exemple, on change deux mots, que deux mots. Au Québec, on verra si on devra s’ajuster ainsi."
Le comédien, qui s’est beaucoup investi dans les ligues d’improvisation, est venu jouer au Québec pour la première fois dans ce contexte, en 1992. "J’ai gardé du Québec un souvenir extraordinaire, dit-il. Le courant passe très fort entre les Québécois et les Belges: à la Ligue d’improvisation, ce sentiment était palpable d’un bord et de l’autre de la patinoire." Bien sûr, par notre appartenance à la francophonie, par notre nature "périphérique" par rapport à la France, plusieurs caractéristiques peuvent se rassembler. Mais qu’en est-il du jeu, de l’humour qui, ici aussi, occupe une place de choix? "Nous avons en commun une espèce de surréalisme, de dérision. Mais notre manière de gérer les scénarios et d’appréhender les mondes parallèles est différente."
Le spectacle fera donc le tour du Québec, comme il passera par Toronto et Moncton. "La vocation de la troupe, c’est de pouvoir voyager. En Belgique, c’est de plus en plus fréquent et possible de voir un spectacle ou une pièce se mettre à tourner longtemps sans que la troupe fasse pour autant partie d’une grosse organisation avec une lourde infrastructure." La tournée démarre à Sainte-Thérèse, au Théâtre Lionel-Groulx, et sera de passage à Montréal au Théâtre Outremont en octobre.
Le 3 octobre
Au Théâtre Lionel-Groulx
Le 4 octobre
Au Théâtre Outremont
Le 6 octobre
Au Théâtre de la Ville de Longueuil
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