André Perrier : Langue vivante
Scène

André Perrier : Langue vivante

André Perrier signe, avec Du pépin à la fissure, une mise en scène singulière: la présentation de deux textes poétiques, "de manière extrêmement théâtralisée, sans changer une seule  virgule".

À l’origine du spectacle, production du Théâtre du Nouvel-Ontario créée à Sudbury en 2000, le désir de préparer, avec le comédien d’origine belge Alain Doom, "un petit événement, une espèce d’anthologie de la poésie franco-ontarienne, explique Alain Perrier. Au travers des lectures, on est tombés sur deux textes de Patrice Desbiens, Un pépin de pomme sur un poêle à bois et La Fissure de la fiction: ça a été le coup de cœur." Incapables de choisir, les artistes décident de présenter, en un seul spectacle, les deux textes de l’auteur né à Timmins. À mesure qu’avance le travail, le projet de récital se transforme, et la poésie devient théâtre. "C’est une espèce de surenchère créative qui a fait que tout ça s’est métamorphosé au fur et à mesure que les concepteurs embarquaient dans le projet, et que tout le monde tripait sur ces textes-là."

La première partie du spectacle, Un pépin de pomme sur un poêle à bois, est un retour à l’enfance. "C’est le poète qui, par l’écriture, tente de faire revivre sa mère. Dans cette partie, très épurée, le texte est livré directement au spectateur. Ça joue sur notre mémoire affective; c’est extrêmement touchant, bouleversant, même." Le second texte, La Fissure de la fiction, aborde la difficulté de la création. Scénographie plus complexe, jeu plus physique, on y voit le comédien aux prises avec les objets. "Dans ce texte, on dirait que le personnage se met en danger psychologique: il est sur la corde raide, presque sur le bord de la folie. La poésie est onirique; la mise en place l’est aussi. C’est un personnage qui se bat contre son appartement. C’est très ludique, rigolo: les gens s’amusent beaucoup, même s’il y a quand même un côté angoissant à voir quelqu’un se faire poursuivre par son propre appartement. C’est un peu, je dirais, Bugs Bunny rencontre Kafka… J’ai travaillé, dans la mise en scène, en opposition, pour que les deux parties, malgré certains liens thématiques, soient extrêmement différentes, que l’une soit l’envers de l’autre."

Porter à la scène, en les théâtralisant, des textes poétiques pose un sérieux défi. "Il faut la faire vivre, cette langue-là, expose le metteur en scène; il faut la contextualiser, trouver l’univers dans lequel le poème peut bouger et vivre. On a fait un gros travail exploratoire pour savoir comment cette parole pouvait se manifester sur une scène. Même s’il présente une difficulté, c’est un travail que j’ai trouvé extrêmement libérateur: en théâtre, on a des codes, mais en poésie, comme on travaille rarement à la scène, on peut créer ses propres codes. Il y a une liberté là-dedans que j’ai adorée."

Depuis sa création, Du pépin à la fissure a récolté de nombreux prix, soulignant notamment la qualité de l’interprétation, de la mise en scène et de la scénographie, en plus de remporter le Masque de la production franco-canadienne 2001. Voici un rendez-vous qui ralliera amateurs de poésie et mordus de théâtre.

Du 12 au 16 octobre
Au Théâtre Périscope
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