Gary Kurtz : Médecin malgré lui
Scène

Gary Kurtz : Médecin malgré lui

Le "mentaliste" montréalais Gary Kurtz convie le public à la frontière de l’illusion et du paranormal…

Après avoir ébloui le public français au Théâtre de l’Européen et au Bataclan, le "mentaliste" d’origine allemande, né en Ontario mais vivant à Montréal depuis une quinzaine d’années, est de retour au bercail pour mystifier une nouvelle vague de spectateurs québécois, grâce à des numéros tous plus surprenants les uns que les autres. Durant sa prestation minutieusement chorégraphiée, qui mélange humour, clairvoyance et magie, le mentaliste lit dans les pensées, change l’heure des montres, s’amuse avec des couteaux de boucherie et décrit, malgré ses yeux bandés, les dessins réalisés par quelques personnes choisies dans l’assistance.

L’homme de 42 ans est d’un magnétisme indéniable. Quand il nous fixe avec ses étonnants yeux d’ambre, on a presque l’impression qu’il lit dans nos pensées. Cependant, celui qu’on a tour à tour qualifié d’illusionniste, de magicien, d’humoriste et de voyant refuse de porter le chapeau de télépathe. "On peut utiliser n’importe quel mot, mais il est très important d’éviter toute référence au paranormal ou à la voyance à cause de l’éducation très cartésienne des gens. C’est comme ça partout, mais c’est encore pire en France. Les Français sont très superstitieux, peut-être à cause de leur passé, marqué par la sorcellerie et le paganisme. Je dois faire attention à la façon dont on perçoit ce que je fais sur scène car ça pourrait devenir dangereux", explique Gary Kurtz. Il est d’ailleurs déjà arrivé, à la fin d’un spectacle, que des gens éblouis par sa prestation l’approchent pour solliciter son aide. "Récemment, les parents d’un enfant autiste m’ont demandé de communiquer avec leur fils. Je leur ai répondu: "Je fais ce que je fais sur scène, mais je ne suis pas sûr de pouvoir vous aider." D’une part, ce n’est pas mon métier et, d’autre part, honnêtement, je ne sais pas si je peux vraiment faire quelque chose pour eux", souligne celui qui refuse de qualifier ses talents de "dons".

Sa prestation serait-elle donc le fruit d’une vaste illusion, entièrement redevable à la magie? "À plusieurs reprises durant le spectacle, j’amène les gens dans des directions spécifiques (ce qu’il appelle aussi programmation ou manipulation neurolinguistique), ce qui me permet ensuite de lire leur langage corporel ou leur comportement. Par conséquent, oui, il y a des trucs", concède-t-il. Puis il ajoute, comme pour mieux brouiller les cartes: "Mais tous ces trucs, je les fais sans vraiment m’en rendre compte. En fait, je ne sais pas de façon consciente quand j’utilise mon "sac de trucs" ou mon intuition", dit en riant celui qui ne comprend pas pourquoi les gens tiennent tant à savoir s’il possède ou non des aptitudes paranormales: "Quand des enfants sont vraiment doués pour la musique ou les mathématiques, on ne se questionne pas autant. Ils font ce qu’ils font, sans se douter qu’ils sont exceptionnels. C’est la même chose pour moi. Ce qui m’intéresse, c’est le spectacle. Dans la vie de tous les jours, je suis tout à fait normal", conclut Gary Kurtz.

Cette entrevue a été réalisée à l’invitation de Juste pour rire.
Le 7 octobre
À l’Auditorium Dufour
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