L'Inconception : La paternité chronique
Scène

L’Inconception : La paternité chronique

En 1983, la pièce L’Inconception était créée au CNA, qui s’investissait pour la première fois dans une œuvre d’un auteur franco-ontarien. Une vingtaine d’années plus tard, Robert Bellefeuille récidive.

Fasciné par l’œuvre non conventionnelle du Sudburois Robert Marinier (Épinal), celui qui était alors à la direction du Théâtre français du CNA, André Brassard, greffait la pièce à sa saison régulière. Et c’est à l’occasion du 25e anniversaire que le Théâtre de la Vieille 17 et son directeur artistique Robert Bellefeuille montent de nouveau l’œuvre de l’auteur, important pilier de la compagnie. "J’ai toujours eu une affection particulière pour cette pièce, commente Robert Bellefeuille. Quand on est en création, on crée des choses d’actualité, d’avant-garde… À un moment donné, avec tout ce qui se passait au niveau du clonage et de la manipulation génétique, cette pièce m’est revenue en tête. En plus des célébrations du 25e où nous voulions saluer des artistes qui avaient été importants pour nous, je me suis dit que cette pièce pourrait avoir une tout autre résonance aujourd’hui."L’histoire met en scène Pierre (Yves Turbide), qui ne désire pas avoir d’enfants et qui explique le bien-fondé de son raisonnement à sa femme Claire (Nathaly Charrette). Aux prises avec sa culpabilité par rapport au fait de la décevoir, il fait la rencontre de son fils Marc (Hubert Proulx), âgé de 24 ans, et discute avec lui de son rôle de père. Fort de cette conversation, il retourne au parc le lendemain avec de nouvelles résolutions et trouve plutôt Claude (Pierre Simpson), ce même fils qui a pourtant changé. "C’est comme dans la vie: au moment où tu apprends quelque chose de nouveau, ça agit, ça change les données…", fait remarquer Robert Bellefeuille.L’originalité de la pièce se trouve également dans sa trame narrative, puisque la chronologie y est chambardée, le père avance et recule dans le temps alors que la mère, ancrée dans le temps réel, agit comme narratrice en s’adressant directement à l’assistance. "Ça, c’est bien l’imaginaire de Robert Marinier, un homme très intelligent qui a le sens du dialogue et un sens de l’humour assez particulier, explique le metteur en scène. Les deux fils ont en quelque sorte voyagé dans le temps. Ils ont pratiquement le même âge que le père, qui a 33 ans. Ils arrivent nus, comme des bébés qui viennent au monde!"Ainsi, L’Inconception sera revisitée avec un vent de fraîcheur, que l’auteur et le metteur en scène se sont affairés à lui donner."La pièce s’élabore dans un univers génétique, mais au fond le show, c’est un discours humain truffé de petites analogies scientifiques, ajoute le directeur artistique. Le texte pose beaucoup de questions, donne certaines réponses, fait réfléchir, fait rire, nous fait aussi ouvrir la question de notre propre rapport avec la paternité: avec son propre père, son propre enfant… C’est très actuel à cause du discours sur la natalité, mais en même temps c’est très intime. Ça mène à se questionner sur des choses très personnelles et précises", conclut Robert Bellefeuille.

Du 13 au 23 octobre
À la Nouvelle Scène
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