Patrice Dubois : Ombre portée
Scène

Patrice Dubois : Ombre portée

Patrice Dubois et Martin Labrecque, pour élaborer leur spectacle sur Orson Welles, ont suivi l’artiste en Écosse, aux États-Unis, dans les films, dans les livres. Ils en dressent un portrait multiple, où persiste une part de mystère.

S’intéresser à Orson Welles (1915-1985) équivaut à se pencher sur l’Amérique du XXe siècle. Innovateur, Orson Welles a marqué son époque au théâtre, à la radio, au cinéma", explique Patrice Dubois, auteur, comédien et metteur en scène.

L’idée de Everybody’s Welles pour tous, créé en novembre 2003 et joué récemment à Limoges, vient d’une conversation avec Martin Labrecque, concepteur d’éclairages, au sujet d’une anecdote qui en dit long sur le réalisateur. "On savait tous les deux que Welles avait mis, au générique de Citizen Kane (1941), son nom sur le même panneau que celui de son directeur photo: du jamais vu dans l’histoire du cinéma. Ça nous a intéressés: ça semblait dire que Welles considérait la lumière et la photo autant que la réalisation. On a eu envie de faire quelque chose qui représente ça, qui allie la lumière et la mise en scène."

De là, association des deux artistes pour imaginer un spectacle où, évidemment, la lumière a un traitement particulier. Point de départ: "Deux ans et demi de recherche, raconte Patrice Dubois. C’est exceptionnel tout ce qu’on peut trouver sur cet homme-là. On a fouillé, on a lu, on a voyagé… On s’est vraiment documentés à fond."

Puis, le grand défi: transformer cette somme d’informations en spectacle. "C’était le casse-tête total, mais on y est arrivés grâce à un personnage qui nous permet de passer du didactique au personnel. Quand on a voulu écrire sur Welles, on a senti le besoin de créer ce personnage, qui serait un peu notre reflet, qui porterait nos fascinations et nos questionnements. Le personnage s’appelle P, c’est un conférencier qui a fait sa thèse sur Orson Welles et qui en présente des parties à des auditoires un peu partout dans le monde. Mais ça, c’est un prétexte, parce qu’après, ça bascule."

"Le spectacle est construit de façon à ce que ceux qui ne connaissent pas Welles s’y retrouvent, en découvrant l’homme, à travers l’anecdote mais aussi à travers les thèmes qu’il a débattus, alors que les spécialistes peuvent saisir les sous-couches, les thèmes profonds qui l’ont motivé. La culpabilité, l’enfance, le rapport au maître, à soi-même, l’ombre, le miroir sont présents dans le cinéma de Welles et nous ont aidés à créer le visuel, et à créer le personnage qui se regarde à travers Welles."

Malgré l’ampleur du travail, la richesse des sources, il plane encore, autour de Welles, une aura de mystère. "Évidemment; et c’est ça qui est intéressant: on se dit qu’on fera jamais le tour."

Et le titre? "Ça vient d’un livre que Welles avait écrit sur Shakespeare, Everybody’s Shakespeare; Shakespeare pour tous, en français. Ça représentait sa volonté de démocratiser l’art, de le rendre accessible, et de parler au plus grand nombre." Entreprise semblable avec ce spectacle? "Exactement."

Du 19 au 30 octobre à 20 h
Au Théâtre Périscope
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