Histoires de famille : Esprit de famille
Scène

Histoires de famille : Esprit de famille

Les Histoires de famille de Popescu: une demi-réussite.

Saluons d’emblée l’initiative du Roumain Thedor Cristian Popescu de faire découvrir aux spectateurs montréalais l’écriture habile et percutante de la jeune dramaturge serbe Biljana Srbljanovic. Créée à Belgrade en 1998, la pièce Histoires de famille offre une radiographie détaillée de la logique guerrière qui s’immisce inéluctablement au sein d’un groupe d’enfants. Malheureusement, lorsque vient le temps de rendre justice aux implacables enjeux de l’œuvre, le porte-voix du metteur en scène reste plutôt insuffisant.

Misant sur l’angoissante exiguïté de la Salle Intime du Théâtre Prospero pour évoquer la cave d’un immeuble d’habitation, Popescu opte pour le dépouillement le plus total. Récusant la plupart des indications scéniques inscrites par l’auteure dans son texte, l’environnement conçu par Fruzsina Lanvi tient du minimalisme. Éclairée par quelques ampoules nues, sans autre décor que des murs patinés et quelques objets entassés ici et là, la scène ressemble aussi bien à une zone de torture et d’enfermement qu’à un espace voué aux jeux macabres de ces enfants. Le parti pris esthétique qui lie ces choix demeure cohérent, mais la magie du lieu n’opère pas. La cave n’acquiert jamais cette aura de mystère, ce potentiel de danger qu’elle aurait pourtant grand avantage à évoquer.

Il serait fort difficile de reprocher quoi que ce soit aux acteurs, de manière individuelle. Spontanés, ils relèvent assez bien le défi que représentent ces personnages d’enfants jouant aux adultes. David Boyle campe un père frénétique à souhait, Maria Monakhova, une mère à la névrose convaincante, Vitali Makarov, un fils dont l’agressivité menace de sourdre à chaque instant et Cristina Toma, une poignante orpheline que les autres confinent au rôle du chien. Malgré ces qualités, les échanges entre les protagonistes ne s’engagent jamais dans l’escalade de violence où la pièce les guide. Est-ce dû à un manque d’homogénéité dans la direction des acteurs ou bien à une trop grande disparité dans les registres des interprètes? Quoi qu’il en soit, c’est bien dommage, car il y avait là suffisamment d’ingrédients explosifs pour que la détonation se produise.

Jusqu’au 23 octobre
À la Salle Intime du Théâtre Prospero
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