Roméo et Juliette – Grands Ballets Canadiens de Montréal : À la vie à la mort
Scène

Roméo et Juliette – Grands Ballets Canadiens de Montréal : À la vie à la mort

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal nous livrent une version de Roméo et Juliette chorégraphiée par Jean-Christophe Maillot, dont le nom est associé aux Ballets de Monte-Carlo.

C’est au cours d’une répétition publique, suivie d’une conférence de presse fort instructive, que les GBCM nous ont présenté trois extraits d’un Roméo et Juliette aux couleurs psychologiques contemporaines. Cela est dû au décentrement volontaire du propos principal de l’argument, qui ne tourne plus exclusivement autour du tiraillement moral shakespearien propre à la version initiale. L’extrait de la scène du balcon, que nous ont livré les danseurs Hervé Courtain (Roméo) et Joëlle Henry (Juliette) d’une manière tout à fait délicieuse, nous a d’ailleurs donné un avant-goût de cette réorientation des priorités esthétiques et thématiques. La relation développée entre ces deux protagonistes, dans la version de Jean-Christophe Maillot, met résolument l’accent sur la qualité "cinématographique de la relation amoureuse", pour reprendre les termes employés par Giovanna Lorenzoni, assistante du chorégraphe parlant en son nom étant donné l’absence de celui-ci. On sentira un travail de résonance très cohérent entre le caractère des interprètes et le rôle qu’ils incarnent. Ce qui nous place en face de la notion de casting. "Ce casting a été créé afin d’établir un équilibre entre les différents personnages, affirme l’assistante, et non seulement en fonction de l’aspect physique des danseurs. Car la dimension relationnelle est très importante pour Jean-Christophe Maillot."

À ce compte, on ne nous proposera pas une Juliette enfantine, mais bien une jeune femme au profil adolescent qui sait ce qu’implique physiquement le mot aimer. "C’est d’ailleurs la force de l’amour de Juliette qui fera comprendre à Roméo ce qu’est l’amour", poursuit-elle. Un amour auquel le spectateur pourra aisément s’identifier, étant donné le côté intemporel des costumes et de la scénographie. Un détail esthétique auquel tenait le chorégraphe afin d’actualiser un récit datant de plus de quatre siècles.

VARIATIONS SUR UN THÈME

Si l’esprit de la pièce change, la chorégraphie reste directement inspirée de la structure musicale de l’œuvre de Prokofiev (1935). Mais comme nous l’affirme le chef d’orchestre invité Allan Lewis: "Malgré tout, les pièces musicales originales pour le ballet peuvent toujours être l’objet d’au moins quelques changements, et c’est justement le droit et la fonction du chorégraphe de mettre l’accent, par le mouvement, sur les aspects musicaux qu’il juge esthétiquement intéressants, selon sa perception."

Le directeur artistique des GBCM, Gradimir Pankov, justifie pour sa part le choix de cette pièce et de ce chorégraphe par le fait qu’il s’agit selon lui d’une version très différente des autres qui existent et que le traitement résolument contemporain n’en fait pas une œuvre de ballet moins solide pour autant. Celle-ci reste dans la ligne de conduite artistique des GBCM. Il était d’ailleurs fier de nous annoncer qu’il s’agissait de la toute première fois, dans l’histoire de la compagnie, qu’une version intégrale de Roméo et Juliette était présentée.

Cette version, dont la création remonte au 23 décembre 1996 à l’Opéra de Monte-Carlo, avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par David Garforth, figure parmi les nombreuses pièces du répertoire classique réactualisées par le chorégraphe, dont la feuille de route ne cesse de s’orner de distinctions de tout ordre. Il a d’ailleurs été nommé, en 2002, chevalier de la Légion d’honneur par le président français Jacques Chirac, ce qui soulignait son travail remarquable dans le milieu de la danse depuis plus de 25 ans.

Du 14 au 16 et du 21 au 23 octobre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
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