Élektra : Les liens du sang
Scène

Élektra : Les liens du sang

Avec Élektra, quatrième production du cycle Oreste, Luce Pelletier montre les tréfonds de l’âme d’une famille souillée.

Un palais transformé en sombre cachot, une reine comme un Klimt tordu, cauchemardesque… L’Élektra de Luce Pelletier se situe bien loin de la récente création La Sirène et le Harpon. Si Suzanne Clément y interprétait une Électre philosophe sur la plage au lendemain du matricide, elle incarne ici l’animal blessé, se nourrissant de sa haine telle une hyène sur un cadavre.

Après la fougue du Oreste classique, mis en scène également par Luce Pelletier, et The Reality Show, monté par Serge Denoncourt, le Théâtre de l’Opsis poursuit le cycle Oreste en s’attardant sur le personnage d’Électre attendant le retour de son frère afin de rétablir l’honneur de son nom. Sa mère, la reine Clytemnestre, ayant assassiné son père Agamemnon avec la complicité de son amant Égisthe, doit payer pour le crime commis.

D’une voix gutturale, Électre criera vengeance, parfois râlante, parfois mordante, toujours réclamant justice. Ancrée dans le sol, véritable prolongement des érényes souterraines, Électre n’a jamais été aussi noire. On nous l’avait promis, les pulsions sombres de l’humain sont à l’honneur, l’auteur Hugo Von Hofmannsthal ayant été fortement inspiré par les théories de Sigmund Freud. Si nous voyons avec difficulté la démonstration par le célèbre psychanalyste du syndrome inspiré du mythe, nous y retrouvons toutefois une image reconnaissable de la maladie de l’âme longtemps assimilée à la possession satanique. Transe, hurlements, salivation et crachats compris. Les personnages de cet Élektra sortent tout droit de son livre de gravures du début du siècle.

Outre ce choix esthétique, Luce Pelletier a misé sur l’insanité d’esprit de la famille des Atrides, situant également l’action dans un lieu insalubre, inquiétant, où toute ouverture cache des ombres qui épient. La reine Clytemnestre (Isabelle Miquelon) apparaît plus hagarde et démente encore que sa fille alors que Hofmannsthal transforme la mère outragée en une amante manipulée. Agressant et certes déclamatoire, le tout a le mérite d’être construit en une heure, tragédie coup-de-poing.

Jusqu’au 6 novembre
À l’Espace Go
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