La Fête des morts : Requiem
Scène

La Fête des morts : Requiem

La Fête des morts: une balade qui réconcilie avec l’au-delà.

Dans la noirceur profonde d’une nuit d’octobre, un autobus achemine 80 aventuriers vers une expérience théâtrale peu commune. Malgré la pluie, l’humidité et surtout le froid mordant qui sévissent, ces vivants ont consenti à la rencontre que Céline Bonnier et Nathalie Claude ont organisée pour eux avec un petit groupe de macchabées bien sympathiques.

Dans les méandres brumeux d’un cimetière montréalais, le spectateur doit suivre au doigt et à l’œil les indications de Yolanda (Bonnier), la guide mexicaine qui officie à cet étrange et pourtant rassurant théâtre à stations. Silencieuse, elle conditionne les pas et oriente les regards. Tour à tour, parfois solitaires et parfois regroupés, 11 trépassés (somptueusement vêtus et savamment illuminés par Louis Hudon) surgissent de l’obscurité. Plutôt laconiques, la plupart ne font que vivre leur éternité sous nos yeux, laissant filtrer quelques indices de leurs vies passées. Plus mystérieux encore est ce passeur (Peter James) qui, ni mort ni vivant, semble escorter les âmes tel Charon. Autour de lui, des êtres aux destins tragiques ou dérisoires. Duel, empoisonnement ou vieillesse, les causes de leurs décès se révèlent diverses. Nostalgie, amertume ou désespoir, leurs attitudes face au trépas paraissent tout aussi multiples.

Constituée de tableaux d’inégal intérêt, cette procession entraîne parfois le spectateur dans un état de lassitude. En contrepartie, certains protagonistes réchauffent l’âme de l’auditeur transi. Les retrouvailles de deux frères jumeaux (Denis Lavalou et Marcel Pomerlo) touchent droit au cœur et les élucubrations d’une ornithologue foldingue (Claude) déclenchent d’irrésistibles éclats de rire. Certains rassemblements – notamment la fête mexicaine et l’onirique partie de croquet – transportent. À défaut de posséder la cohérence des plus mémorables réalisations de Momentum, l’expédition vaut toutefois le détour. Assis dans l’autobus qui le ramène à son point de départ, le spectateur songe à ceux qu’il a perdus, à ceux qu’il perdra et peut-être même à sa propre fin. Chose certaine, il espère que la joyeuse proposition qu’on vient de lui faire s’apparente à la vérité.

Jusqu’au 31 octobre
Dans un cimetière près de chez vous
Voir calendrier Théâtre