Julie McClemens, Pascale Montpetit : Marivaudages
Scène

Julie McClemens, Pascale Montpetit : Marivaudages

Julie McClemens et Pascale Montpetit sont réunies pour la première fois sur scène dans La Fausse Suivante de Marivaux, mise en scène par Claude Poissant. Rencontre avec deux passionnées…

Marivaux a suffisamment marqué l’histoire pour y laisser une expression régulièrement utilisée près de 250 ans après sa mort: marivaudage. Synonyme de raffinement et d’élégance dans la conversation amoureuse, le terme est immédiatement compris comme désignant péjorativement le badinage amoureux, ce jusqu’à aujourd’hui, alors qu’on y ajoute une valeur de gaieté et de superficialité. Or Marivaux, qui est, de tous les auteurs de son époque, celui que l’on joue le plus aujourd’hui, a écrit une œuvre complexe explorant les labyrinthes sentimentaux comme la probité. Écrite en 1724, La Fausse Suivante est montée cette année par Claude Poissant, que l’on pourrait qualifier d’expert en Marivaux. Julie McClemens et Pascale Montpetit, réunies pour la première fois sur scène, font partie de la distribution.

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"Cette Fausse Suivante est, sans aucun doute, un Marivaux-Poissant! affirme Julie McClemens. C’est le regard de Claude qui fait ça. Je dis souvent qu’il est la réincarnation de Marivaux. Ça fait tellement d’années qu’il fréquente son œuvre qu’il y a des circuits, une sensibilité, une compréhension, une intelligence qui font qu’il est tout à fait en phase avec Marivaux. Pour lui, Marivaux, c’est limpide. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne cherche pas, on cherche toujours, on est vraiment au travail, nous aussi les acteurs, mais Claude, il est tombé dedans quand il était petit!"

"Moi, c’est mon premier Marivaux mais mon deuxième spectacle avec Claude Poissant. Mais j’adore Marivaux, j’ai le même amour que Claude pour cet œuvre", rapporte Pascale Montpetit. "Plus on avance dans le travail, ajoute-t-elle, plus on s’approche du texte et moins on ressent le besoin de souligner le côté actuel de la pièce."

"Il reste tout du théâtre classique, relance Julie. Claude le monte d’une manière très classique, comme il a toujours monté les Marivaux. Sur le plan des décors, des costumes, il n’essaie pas de faire quelque chose d’urbain, de trash, ou de faire une relecture."

LE COUR A SES RAISONS

Pascale Montpetit voit cette pièce un peu comme un moteur organique: "C’est une mécanique, comme une machine infernale dont une partie démontre quelque chose. Oui, il y a des personnages qui sont en avant, mais c’est un tout, une machine. Ce n’est pas un texte où l’on a un personnage à défendre. Ce n’est pas du théâtre psychologique au sens où on le nomme habituellement."

"On est un peu l’avocat de la défense pour notre personnage, au lieu d’incarner un personnage, une personnalité à l’avant-plan, affirme Pascale. Au fond, on ignore les pensées profondes du personnage. Les répliques nous amènent d’une réflexion à l’autre comme d’une découverte à l’autre."

Nous sommes loin de la légèreté associée à tort à cet auteur. "C’est léger dans le sens d’allegro, nous dit Pascale, mais il y a des coups de scalpel à chaque réplique." "Le personnage veut dire quelque chose, mais socialement, il ne peut se permettre de parler. Le désir et le social sont très liés dans Marivaux", continue Pascale, qui ajoute que "la question des codes fait vraiment penser aux Liaisons dangereuses. On voit comment les personnages doivent naviguer avec les règles de convenance, de morale et tous les impératifs de la société à laquelle ils appartiennent". C’est un peu ça, le marivaudage…

Le 29 octobre
À l’Auditorium Dufour
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