Schème Danse : Créer en laboratoire
Scène

Schème Danse : Créer en laboratoire

Mine de rien, la jeune compagnie Schème Danse en est déjà à sa quatrième création originale. Focus sur un corps en  mouvement.

S’il est nerveux à quelques jours de la première de sa nouvelle production Sous observation, Georges-Nicolas Tremblay, directeur artistique, chorégraphe et danseur de la troupe Schème Danse, le cache bien. J’avais devant moi un jeune homme volubile, fier et souriant qui parlait de son nouveau bébé avec passion. "Nous sommes l’unique compagnie de danse tournée vers la création. Alors chaque année, on part de rien pour construire tout. Il faut trouver un langage, une musique, des interprètes." Il faut aussi trouver une salle qui peut accueillir ce genre de spectacle. Cette année, ce fut la chasse à la salle. "J’avais même envisagé, pendant quelque temps, de trouver un entrepôt, raconte le jeune homme. On y aurait créé du tout au tout l’ambiance recherchée."

C’est finalement au Théâtre du Palais municipal, à La Baie, que Schème Danse a trouvé refuge, un partenariat dont les deux parties sont on ne peut plus fières. "Ce sera une configuration toute spéciale", répond Georges-Nicolas à la question qui vous brûle les lèvres. ("Ce n’est pas un peu… démesuré?") "Danseurs et spectateurs partageront la scène. Les spectateurs seront pratiquement tout autour des danseurs, qui seront épiés de tous les côtés." La configuration de la scène sert donc en tous points le thème Sous observation. Avec cette mise en place, les spectateurs seront aussi eux-mêmes sous le regard des autres spectateurs. Aucune dissimulation possible pour les danseurs non plus, puisque les coulisses seront beaucoup trop loin pour qu’ils puissent aller s’y réfugier. Dans la première partie, Petite Pièce pour personnes seules, les six danseurs seront toujours sur scène, intégrés dans l’espace. "Au début, ils avaient tendance à vouloir se faire oublier quand ce n’était pas leur tour de danser, mentionne le chorégraphe, mais j’ai voulu au contraire qu’ils fassent sentir leur présence. Par un son, un mouvement, ils doivent s’imposer."

Cette première partie est un huis-clos avec six personnes étrangères, l’une à l’autre, mais forcées de se rencontrer, de créer des liens. Comme le corps ne peut pas mentir, comme c’est un langage direct et franc, cela crée des confrontations. "Ces personnes sont confrontées aux autres, aux opinions des autres. Je suis allé à l’extrême des traits de caractère de chacun; par exemple, quelqu’un incarne la timidité, l’autre, l’arrogance. J’ai exploité à fond ces traits comme une finalité pour constater qu’on ne peut pas juste être ceci ou cela. Il y aura une évolution des personnages au cours de la pièce", explique Georges-Nicolas. "C’est une pièce sur les relations interpersonnelles, mais aussi une découverte de soi, une acceptation de soi."

La deuxième partie, Sortir du cadre, est un solo composé et interprété par Georges-Nicolas, qui revêt décidément plusieurs chapeaux dans cette production. "C’est la relation entre un personnage – un peu rigide, un peu homme d’affaires – et son monde intérieur, qu’il décide de laisser sortir pour agrémenter sa vie. Il décide d’exprimer toutes les folies qui lui passent par la tête. Ça aura un côté très ludique par moments."

Dans les deux cas, l’espace particulier a permis des libertés qui n’auraient pas été possibles dans une salle plus traditionnelle. "Par exemple, j’ai pu me permettre des mouvements plus petits, de petites nuances, de petits détails. Étant donné la proximité, le jeu est plus subtil", remarque Georges-Nicolas. De plus, grâce à la scénographie et aux éclairages signés Julie Pelletier et Alexandre Nadeau, l’espace devient un lieu intime, une vraie petite pièce sur cette immense scène. Tellement intime qu’on vous conseille de réserver, les places sont limitées! 545-9609.

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LA DISTRIBUTION
La musique, originale d’un bout à l’autre, est signée Pascal Beaulieu.
Les costumes sont de Serge Lapierre
Les danseurs: Guillaume Beaulac, Julie Dubois-Gravel, Tania Jean, Alexandra Jean-Savard, Julie Lévesque, Georges-Nicolas Tremblay et Marie-Ève Tremblay.