Ultima Vez : L’ivresse des profondeurs
C’est le retour tant attendu d’Ultima Vez, qui présentera Blush au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Deux soirs seulement…
La compagnie belge, dirigée par l’artiste polyvalent Vim Vandekeybus, avait jeté tout le monde sur le cul lors de son dernier passage à Montréal, en 2000, alors qu’elle roulait sa pièce In Spite of Wishing and Wanting. Cette fois, le titre est moins long à retenir… "En effet, j’étais un peu tanné des longs titres qui ressemblent à des poèmes, admet Vandekeybus à l’autre bout du fil. Depuis ma toute première pièce, What the Body Does Not Remember (1987), je n’ai cessé d’avoir cette habitude. Blush, c’est simple et efficace. Et ça laisse place à de multiples interprétations. Le choix de ce titre est parti de l’idée que le plus intéressant est souvent derrière ce que l’on cache. Or, quand on rougit, c’est un peu ce monde d’en dessous qui se manifeste. Pour illustrer cette partie cachée de nous, je reprends toujours la métaphore de l’iceberg, en ce sens que ce que l’on décide de montrer en public n’est toujours qu’une infime partie de ce que l’on est réellement. Ce que j’ai voulu montrer dans Blush, c’est l’autre partie, celle que l’on ne voit jamais."
Pour cela, il a choisi d’explorer les extrêmes, mis en opposition, tels le beau et le laid, l’attachement et la perte, la damnation et la rédemption, l’enfer et le paradis. Les dix interprètes faisant partie de la troupe sont alors lâchés sur scène comme des bêtes en quête d’amour et sont propulsés par des élans émotifs frisant la perte de contrôle. "Je me suis inspiré du mythe d’Eurydice pour représenter une certaine passion maladive… presque maudite." Celui où Orphée se retourne pour voir sa bien-aimée, avant de quitter le royaume d’Hadès, malgré l’avertissement des dieux…
Tout ceci fait place à un va-et-vient souvent déboussolant qui met le spectateur hors d’haleine. L’aspect multimédia du spectacle est pour beaucoup dans le succès de cette tourmente. Car le chorégraphe-cinéaste-danseur-et-acteur y est allé d’une scénographie cinématographique permettant des allers et retours entre fiction et réalité; parfois les interprètes sont devant l’image, d’autres fois ils en font partie. Ces images, souvent aquatiques, évoqueraient le paradis, selon ce que nous en dit Vim Vandekeybus. "Nous étions enfermés dans cette grosse boîte noire qu’est le théâtre et nous nous demandions tous: le paradis, c’est quoi? De là l’idée de l’eau… Nous avons filmé pendant deux jours avec les dauphins et tout. C’était vraiment comme un grand sentiment de liberté de nager avec eux. Puis sont venues les autres images… comme la grenouille qui, dans notre mythologie, cache le double sens du beau et du laid."
Cette histoire sur l’inconscient collectif et individuel des gens nous est également racontée, en parallèle, à travers l’écriture poétique de Peter Verhelst. "Dès le début, j’avais l’idée d’une pièce où il y avait une sorte d’adresse au public. Finalement, la voix de Peter nous pose des questions qui restent sans réponse…" À côté de cela, la musique de David Eugene Edwards. "Je voulais une voix et un corps qui sauraient la transporter… David est comme un troubadour. J’aime sa présence. Une présence chantée qui n’est pas beaucoup utilisée en danse. D’ailleurs, quand je l’ai approché pour lui offrir de travailler avec nous, il m’a avoué qu’il ne connaissait rien à la danse. Malheureusement, David n’est pas avec nous pour la tournée. Nous n’avons pu emporter que sa voix."
Vim Vandekeybus, malgré bientôt 20 ans de métier, est encore aussi passionné. Il mordait à pleines dents dans les mots qu’il choisissait pour me parler de Blush, qui pourtant entame déjà sa troisième saison. Il aime ses collaborateurs et semble savoir les choisir, comme on cueille le fruit lorsqu’il est mûr. "Les interprètes qui me suivent dans mon travail le font avec générosité parce qu’ils ont besoin d’aller dans cette direction." Il semble d’ailleurs que le public y soit également pour les mêmes raisons…
Les 5 et 6 novembre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
LES IMPRUDANSES
C’est le retour des soirées d’impro-mouvement mensuelles pour la saison d’automne. La prochaine aura lieu le mardi 2 novembre à 20 h, au bar l’Après-Cour (situé au local JM-100 du pavillon Judith-Jasmin de l’UQÀM, métro Berri-UQÀM). Des équipes prédéterminées – et dont les joueurs proviennent de domaines aussi variés que le cirque, le théâtre et la danse – s’affronteront au son d’une musique improvisée par des musiciens live. Entrée libre! Info: Marie-Ève Albert, (514) 895-5414.