Anne-Marie Olivier : Le saut de l'ange
Scène

Anne-Marie Olivier : Le saut de l’ange

Anne-Marie Olivier affirme: "C’est au théâtre que ma tête, mon cœur, mon corps fonctionnent le plus vite, là où je suis le plus heureuse, là où je me sens utile."

La comédienne reprend ces jours-ci Gros et Détail, dont elle assume texte et interprétation. Créé l’an dernier, le spectacle a été élaboré en collaboration avec les metteurs en scène Érika Gagnon et Kevin McCoy, assistés de Geneviève Tremblay, et les concepteurs Mathieu Doyon, le Groupe BGL, Claudie Gagnon, Karine Ledoyen, Bernard White.

À travers plusieurs "dramaticules", Gros et Détail fait le portrait d’habitants du quartier Saint-Roch et des alentours. Mêlant les tons – histoires sordides, fantastiques ou comportant une dimension plus spirituelle -, ces scènes croquées sur le vif sont présentées par Anne-Marie Olivier, mi-conteuse mi-personnage. "C’est un personnage omniscient, à la fois proche de moi et à l’extérieur, qui ressemble au narrateur du roman; en même temps, c’est quelqu’un qui était là, qui connaît les autres, les observe: c’est ma façon de voir le monde, finalement."

Le spectacle prend la forme d’une "cueillette", d’un "recyclage de morceaux d’histoires". L’image des rebuts, présente dans la scénographie, reflète cette idée. "Je pense que dans la laideur, il peut y avoir une extrême beauté, des trésors cachés. La laideur, la beauté, l’humanité, la capacité d’émerveillement, aussi, peu importe la situation, c’est très important pour moi. Ce qui m’intéresse aussi, c’est quand on a le goût de pleurer et de rire en même temps, l’espèce de force entre le tragique et le comique; parce qu’en fait, la vie est faite de même. Quand ça arrive dans la vie et sur scène, je suis complètement conquise. Donc, j’essaye de faire en sorte que les spectateurs voyagent là-dedans."

Avec ce spectacle, l’artiste, de son propre aveu, cherche à se "mettre en danger". "Qui suis-je pour faire un spectacle solo? Il y a des jours où je me dis, "Ça me tente, ça va être super", et des jours où je me dis "Mais qu’est-ce que je fais là? C’est quoi l’idée d’aller sauter en parachute?" Même si on le reprend, pour moi il n’y a rien d’acquis. Tout est à faire, le soir: et je le sais pas c’est quoi l’ingrédient magique qui fait lever le gâteau. Alors je me croise les doigts et j’espère que ça va se passer: j’essaye vraiment d’être très en éveil. Dans ce type d’expérience, faut que tu donnes tout. Plutôt que de me saucer l’orteil très tranquillement, c’est comme si je devais faire un plongeon avec un risque de flat…"

Et pourquoi le conte? "J’aime le conte à cause du pouvoir de l’imagination qu’il y a là-dedans. Je fais juste une partie du chemin; l’autre partie, c’est les gens qui la font. Je trouve ça puissant. Ça se passe maintenant; le théâtre est un art vivant: pour moi, c’est important de réactualiser ça, de réussir à établir une communion avec le public. C’est vraiment – comme le dit Paul Hébert – des voyages, des voyages différents chaque soir, parce que c’est pas la même gang. Faut être là tout le temps. Quand ça marche, ça donne de l’énergie; mais c’est un peu épeurant, tout ça."

Jusqu’au 27 novembre
Au Théâtre de la Bordée
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