Onan : Folle fresque
Deuxième pièce d’une monumentale trilogie, Onan a été choisie pour marquer la 23e saison des Têtes Heureuses.
Ce n’est pas dans l’habitude de la troupe de l’Université du Québec à Chicoutimi de monter une création contemporaine. "La dernière fois, ce devait être vers 1980 avec une pièce de Richard Desgagné", se souvient Rodrigue Villeneuve, directeur artistique de la troupe. C’est donc une primeur, en quelque sorte, que nous offre ici la troupe Les Têtes Heureuses en nous proposant Onan cet automne sur les planches du Petit Théâtre de l’UQAC. La primeur est d’autant plus grande que cette pièce quasi épique et faussement religieuse est écrite par un jeune auteur de la région. Martin Giguère est en fait à sa deuxième expérience avec les Têtes Heureuses puisqu’il avait monté Job, sa première pièce, en 2002 dans le cadre d’un projet de fin d’études. "Job m’avait donné la certitude d’être en face d’un véritable écrivain, commente Rodrigue Villeneuve, c’est-à-dire de quelqu’un qui a une voix." Cette voix particulière, unique, s’est incrustée, s’est imposée au point qu’il devenait impératif de "monter professionnellement et le plus vite possible une pièce de Martin Giguère", écrit le directeur artistique dans sa présentation de la pièce.
On définit Onan comme une pièce très contemporaine, mais nourrie abondamment par les grands mythes de l’Occident, par Aristophane et la bande dessinée, avec l’esprit de Jarry, de Shakespeare et de Molière. Le propos se résume-t-il vraiment? C’est l’histoire d’un écrivain de théâtre qui doit produire une pièce qui délivrera son peuple de l’oppresseur qui occupe le pays depuis des siècles. Le tout mariant amour et humour, vengeance, sexe et poésie.
Ce texte ambitieux est servi par 11 comédiens très actifs dans les différentes troupes de théâtre professionnelles de la région. Il est mis en scène par Christian Ouellet, comédien et metteur en scène talentueux qu’on a connu notamment dans Richard II, Un violon sur le toit ou, plus récemment, dans La Serva Amorosa au sein du Théâtre 100 Masques. "C’est certain que si on monte Shakespeare, on ne peut pas le consulter quand on a des doutes sur notre façon de voir les choses", répond le metteur en scène quand on lui demande si le fait de monter le texte d’un auteur contemporain nécessite une approche différente. "Mais que ce soit avec un auteur mort ou un auteur vivant, lorsque le texte est riche – comme c’est le cas avec Onan -, on ne peut jamais montrer tout ce qu’on y a vu", précise-t-il ensuite.
Il paraît que l’auteur a su se faire discret, faisant confiance au metteur en scène et aux comédiens. "J’avais proposé que ma pièce soit montée par Christian; il avait aussi signé la mise en scène de Job et on avait la même folie, raconte l’auteur. Le résultat n’est pas du tout ce que j’avais en tête en l’écrivant, continue-t-il, mais c’est tant mieux! Je ne l’aurais jamais fait moi-même, c’est beaucoup trop gros pour moi!"
Un mot sur le décor, en paliers, véritable "machine qui sert à raconter", décrit Christian Ouellet, dans lequel sont intégrés les musiciens et leurs instruments, dont certains ont été créés spécialement pour la pièce.
Le mot de la fin revient au directeur artistique: "On ne s’en rend pas compte, mais nous avons dans notre région un bassin de comédiens, de concepteurs, de metteurs en scène d’une richesse inouïe, qui n’existe nulle part ailleurs en dehors des grandes villes." Profitons-en!
Jusqu’au 21 novembre, du jeudi au dimanche
Au Petit Théâtre de l’UQAC
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Comme d’habitude, la production annuelle des Têtes Heureuses donne lieu à une série d’événements parallèles.
Un colloque sur l’écriture dramatique actuelle aura lieu le 12 novembre; on s’en reparlera.
En allant voir la pièce, visitez l’exposition Je suis le personnage principal de cette pièce, une résidence théâtrale à la Galerie L’Ouvre de l’Autre jusqu’au 12 novembre.