Les Anges de l'orage : Enfants de la bombe
Scène

Les Anges de l’orage : Enfants de la bombe

Les Anges de l’orage, un voyage onirique signé Jerry Snell, nous permettra de faire connaissance avec les artistes de la promotion 2004 de l’École nationale de cirque.

On le connaît pour avoir été l’une des figures de proue de Carbone 14. Mais l’activiste quadragénaire qui nous a offert le cabaret rock Cash, il y a quelques années, se retrouve plus souvent en Asie qu’au Québec. Il revient pourtant concevoir Les Anges de l’orage, un spectacle alliant les techniques circassiennes à la musique et au théâtre visuel.

Après sa remise en question de la civilisation avec Os, le metteur en scène-musicien explore ici l’imagerie du rêve. "Un jour, j’ai trouvé un livre où des enfants juifs et palestiniens parlaient de leurs rêves les plus fous, se souvient Jerry Snell. J’ai voulu mettre en images ces rêves d’enfants de pays en guerre. Et quoi de mieux pour servir l’onirisme que le cirque? Avec le cirque, on peut faire nager quelqu’un dans le ciel…"

Snell a donc transformé les numéros techniques en tableaux oniriques. "Je voulais parler de toutes les guerres à travers plusieurs rêves d’enfants. Par exemple, avec le numéro d’un équilibriste qui puise dans la culture japonaise, on peut voir le rêve d’un enfant de Hiroshima." Il a aussi travaillé dans le sens inverse, demandant à la jeune troupe de s’imprégner du thème. "Nous avons créé un numéro à partir de nos recherches sur la guerre au Rwanda. Ça ne donne pas une scène de massacre, mais c’est un rêve tordu, comme on en fait parfois."

L’artiste multidisciplinaire insiste sur la portée d’un tel univers chimérique. "Dans un rêve, il n’y a pas de logique. Il n’y a donc pas de personnages définis par un texte. Nous sommes plutôt dans une transposition de la réalité et chacun y recevra une charge émotive personnelle. C’est étrange parce qu’à partir du moment où l’on n’est plus chorégraphe mais metteur en scène, les gens cherchent le sens clair de nos tableaux. Pourtant, en danse, il y a parfois une grande part de théâtralité et personne ne s’inquiète du fait que c’est abstrait, nous dit Snell, amusé. Peut-être sommes-nous en train de créer un nouveau médium poétique."

C’est probablement l’équipe idéale pour en faire l’essai. Outre la joyeuse participation de musiciens créatifs tels que Michel F. Côté et Bernard Falaise, les jeunes finissants qui seront sur scène semblent non seulement d’excellents acrobates mais aussi des performeurs très polyvalents. "Ces jeunes ont développé des aptitudes dans beaucoup de domaines pendant ces trois ans d’école. Ils ont eu des cours de jeu, de danse, ils sont musiciens, chanteurs… Les images poétiques que je voulais créer avec eux n’avaient pas de limites. Autant, avec Carbone 14, on se blessait à vouloir créer des images fortes, autant, ici, ces jeunes maîtrisent parfaitement la danse comme l’acrobatie. Ce spectacle va peut-être briser le stéréotype selon lequel un acrobate ne fait que dans la technique, conclut Snell, ravi. Ces finissants ont un potentiel créatif extraordinaire et la fougue des débuts que l’on retrouve rarement chez les artistes plus établis."

Du 9 au 14 novembre
À la TOHU
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