Les Ballets C. de la B. : Masculin pluriel
Scène

Les Ballets C. de la B. : Masculin pluriel

Les Ballets C. de la B. sont de retour sur la scène montréalaise pour présenter la pièce bâche, du chorégraphe Koen Augustijnen. Un voyage au cœur de l’intimité masculine.

Après le succès de Foi (2003) du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, spectacle qui fut également présenté par Danse Danse, la compagnie belge revient dans la métropole avec une pièce alliant théâtre physique, danse contemporaine, hip-hop et musique interprétée en direct. Un spectacle dont la totalité de l’ambiance artistique prend la forme d’une performance à l’intérieur de laquelle interagissent six hommes d’âges et de profils différents, possédant tous une certaine maturité professionnelle et personnelle.

Guy Cools, ayant agi à titre de dramaturge – au sens européen du terme, c’est-à-dire comme "œil extérieur" – pour cette pièce, a bien voulu nous glisser quelques mots sur la production à laquelle il a largement participé. "Afin de mettre en place un univers typiquement masculin, nous devions trouver un lieu poétique qui représenterait bien cet univers. C’est ainsi que nous est venue l’idée du lieu de rencontre qu’est le chantier. Le titre bâche est donc à prendre, dans ce cas, au sens propre du mot, mais aussi au sens figuré, car il renvoie également à la thématique du dévoilement."

La scénographie mobile se compose donc d’une grande bâche avec laquelle les interprètes vont interagir périodiquement au cours de la pièce. "En plongeant au cœur de cette thématique, nous avions l’intention de soulever la notion de solitude. Le fait qu’il n’y ait pas de femme dans la pièce rend ce propos plus clair. Toutefois, nous n’avons pas voulu pour autant créer un univers gay. Car l’échange de sentiments entre hommes hétéros est un terrain fertile qui comprend une palette d’émotions large. C’est vers ce lieu que nous avons volontairement choisi d’aller, car nous voulions que l’homme contemporain s’y reconnaisse."

Enfin! oserai-je dire. Car au Québec, on ne voit que trop peu d’œuvres dansées consacrées à la condition masculine hétérosexuelle… À quand, d’ailleurs, un festival du mâle hétéro dans un lieu de diffusion alternatif de la danse? Cette catégorie n’est-elle pas devenue à son tour une minorité marginale dans ce milieu? Pour x raisons, qu’on ne remettra pas sur la table une énième fois, l’hétéro mâle est devenu le grand absent dans certains domaines d’expression. Et dans un domaine artistique comme la danse, où l’on rend hommage à la beauté du mouvement des corps, c’est dommage. Car on commence à avoir une bonne idée de la manière dont les corps féminins (des hétéros comme des lesbiennes) et les corps des gays bougent dans la société contemporaine. Mais celui de papa, poilu, barbu, un peu rond et/ou atteint de calvitie, comment bouge-t-il, sinon pour être risible? "Afin de dépasser les stéréotypes habituels associés généralement aux hommes, nous avons laissé les interprètes s’exprimer à travers quelques témoignages sur la peur de perdre, de vieillir, d’aimer, de mourir…" rajoute à ce sujet le dramaturge.

Aux côtés des quatre danseurs, nous retrouverons le pianiste et compositeur Guy Van Nueten et le chanteur alto Steve Dugardin. "L’aspect musical de la pièce comprend à sa base une recherche approfondie qui a permis au compositeur de faire un contrepoint entre la musique baroque anglaise de Henry Purcell et la sienne. Une rencontre entre rock et baroque qui suggère l’idée de rupture, nous seulement sur le plan musical, mais également sur le plan émotif. Je dirais que la présence de Van Nueten, bien connu dans le milieu rock belge, ajoute une teinte plutôt heavy au spectacle…"

Les Ballets C. de la B., de passage à Montréal pour l’événement Couleurs flamandes, feront figure de premiers invités de la nouvelle série Cinquième Salle de la Place des Arts.

Du 10 au 13 novembre
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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