Les Mains : Laver son linge sale
Scène

Les Mains : Laver son linge sale

La pièce Les Mains, malgré ses indéniables qualités poétiques et esthétiques, va dans toutes les directions.

Elle est tristement décousue, cette pièce écrite par Olivier Kemeid et Éric Jean (qui signe aussi la mise en scène). On dirait même que Les Mains aurait pu servir de laboratoire afin d’écrire autre chose de plus substantiel. S’il y a un rendez-vous important avec cette création, c’est du côté de l’esthétique et de la chaleur. On assiste, malgré l’aspect inachevé et multidirectionnel de l’objet, à un beau spectacle.

Mathias (Hugues Fortin), vingt-cinq ans, plonge dans son passé et nous ramène dans cet appartement montréalais où il emménagea, à l’âge de huit ans, avec sa famille venue de Russie. Comme leur logement n’a pas de salle de bain privée, c’est justement une salle commune à tout l’immeuble qui devient le théâtre de toutes les rencontres. On y croise beaucoup la logeuse, interprétée par Marika Lhoumeau, qui veille au bon ordre de son établissement, mais aussi bien d’autres locataires, dont une danseuse de flamenco (Pascale Roy) et surtout Serge, joué par François-Xavier Dufour, se prenant pour le poète Lorca et qui séduit la mère (Lesya Samar) de Mathias, mais qui surtout, saura créer des liens avec le jeune Mathias (interprété par Vlace Samar). Ce dernier vit difficilement les péripéties de sa famille et encore plus les frustrations de son père (Sacha Samar), un peintre qui n’arrive pas à la carrière espérée. Échec imputable, à ses yeux, au manque de confiance de sa femme, qu’il a su séduire sans jamais véritablement gagner son amour.

On résume peut-être trop sommairement la poésie en disant qu’elle est rythme et images, mais avec Les Mains, il y a définitivement une poésie qui se dégage de ce rythme efficace et des nombreuses images qui nous viennent à l’esprit. L’abandon des acteurs dans cette aventure risquée donne aussi à la pièce une humanité et une cohérence temporaire, une forme de chaleur bien appuyée par les éclairages et la musique. Il faut aussi souligner tous les émerveillements rendus possibles par une telle création, imparfaite mais pleine de belles libertés et permissions.

Jusqu’au 27 novembre
Au Théâtre de Quat’Sous
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