Chantal Lamirande : Jeu de lumières
La chorégraphe-interprète Chantal Lamirande est à Tangente pour DE-LIGHT, DE DANSE. Une exploration scénique alliant danse et lumière.
Issu d’une idée originale de la conceptrice d’éclairages Mael Iger, ce spectacle fut présenté pour la première fois au Studio d’essai Claude-Gauvreau de l’UQÀM, à la saison estivale 2003, dans le cadre du projet de mémoire de maîtrise de cette diplômée en scénographie et éclairage. Les deux collaboratrices, que nous avons eu le plaisir de recevoir en entrevue, ont retracé avec nous le parcours de la création. "Nous avons monté le tout en trois semaines et demie seulement, raconte la danseuse. Chacune de notre côté, nous avons créé une partie. Moi, une chorégraphie et elle, une conception d’éclairages. Ensuite, Mael a composé des éclairages sur ma chorégraphie, ce qui a donné lieu à un premier volet du spectacle. Puis, sur sa composition originale d’éclairages, j’ai composé à mon tour une séquence de mouvements qui a mené à un deuxième volet. Le troisième volet, il s’agit d’une section d’improvisation totale entre nos médiums respectifs. Une sorte de dialogue à l’intérieur duquel tout peut arriver, car on se donne le droit de répondre, de ne pas répondre, d’insister, de surprendre l’autre, etc."
Cette recherche artistique met en relief, entre autres, la notion de seuil de visibilité. Il arrive donc parfois que la danse ne soit plus visible, mais audible. Ceci étant rendu possible grâce à un "costume sonore" élaboré par Romain Fabre – qui assume également la conception scénographique de la pièce. Ce procédé ludique de résonance kinesthésique sonore propose une autre façon de recevoir le mouvement corporel. "Des fois, j’ai l’impression de jouer à cache-cache avec le public", nous avoue Chantal Lamirande. C’est qu’alors le non-dit de l’éclairage prend autant d’importance que ce qui est mis en lumière. Cela devient un jeu impliquant activement le spectateur comme un troisième élément de la représentation situé entre la danse et la lumière. "Le public prend alors la forme d’un espace vivant entre Mael et moi. Ce rapport triangulaire engendre une source de tension fertile", explique à ce sujet la chorégraphe-interprète.
Ce spectacle met en scène de manière explicite une dynamique implicite dans la plupart des spectacles: il y a toujours une relation entre danse et éclairage dans un spectacle de danse. Toutefois, cette relation est dans la majorité des cas unilatérale. C’est-à-dire que l’éclairage est en général conçu à partir de la danse, et non le contraire. Voilà déjà en quoi DE-LIGHT, DE DANSE se distingue de l’ensemble.
D’autre part, l’exploration va également plus loin en proposant cette rencontre improvisée entre danse et lumière. Toutefois, si l’improvisation en danse est un fait connu et largement répandu dans le milieu, le même phénomène l’est beaucoup moins, au niveau des éclairages, dans une représentation chorégraphique. Or, comment improvise-t-on l’éclairage? "Je le vis avec mon corps et mon regard… dans un travail constant d’anticipation, nous répond Mael Iger. Aussi, le premier spot que j’allume en impro va généralement donner le ton à ce qui va suivre. Il s’agit, selon moi, d’un geste audacieux." Il faut souligner que cette écoute du corps de l’autre et cette implication corporelle de l’éclairagiste dans son travail sont soutenues par une connaissance et une pratique de la danse. En effet, la jeune conceptrice a d’abord été interprète et chorégraphe en danse contemporaine avant de se ranger derrière la console. Elle pratique d’ailleurs encore périodiquement la technique butô. "Cette compréhension du mouvement me permet de sentir le déplacement de Chantal dans l’espace et de bouger, en quelque sorte, avec elle", ajoute-t-elle.
Les 18 et 21 novembre
À Tangente
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