Daniel Paquette : Crise d’adolescence
Daniel Paquette orchestre une savante relecture de la pièce maîtresse de Frank Wedekind, L’Éveil du printemps.
En transposant L’Éveil du printemps, tragédie enfantine de Frank Wedekind, dans une Allemagne galvanisée par la terrible ascension de l’idéologie nazie, Daniel Paquette, codirecteur artistique de la Société Richard III, poursuit ce qu’il a nommé le Cycle des grands bouleversements.
À la tête d’une équipe de jeunes interprètes talentueux, le metteur en scène démontre sa rigueur en matière de direction d’acteur. Précis et contrastés, les comédiens endossent aisément leurs doubles rôles d’enfants et d’adultes. Le charisme troublant de Michelle Beaudoin et la flagrante agilité physique et émotive de Daniel Desparois impressionnent tout particulièrement. Sur un sol balafré par les larges bandes rougeoyantes d’une croix gammée, dans les lumières menaçantes de Julien Laflamme et les costumes soignés de Sarah Balleux, les personnages quittent inexorablement l’insouciance pour l’amertume.
Si elle souligne la redoutable critique sociale qui sous-tend la pièce, la transposition de Paquette n’y parvient jamais au détriment du sens ou de l’action. Illustrant les méfaits de l’ignorance sexuelle sur un groupe de futurs adultes, le spectacle allie violence et ludisme de manière implacable. Ingénieuse au point qu’elle nous fait oublier son manque de moyens, cette production témoigne de la finesse avec laquelle le metteur en scène a su relire l’œuvre.
Jusqu’au 24 novembre
À la Salle Fred-Barry
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