Notre petite ville : La petite vie
Scène

Notre petite ville : La petite vie

Avec Notre petite ville, Thornton Wilder créait une pièce universelle qui est encore jouée aujourd’hui, prenant d’autres résonances dans nos sociétés occidentales. Voyage dans le  temps…

Comme première production communautaire de la saison, le Théâtre de l’Île présente la célèbre pièce de Thornton Wilder Notre petite ville. Créée pour la première fois en 1938, la pièce est maintenant jouée de par le monde et elle est traduite dans plus de 20 langues. Le metteur en scène Éric Paul Parent, un ancien du Département de théâtre de l’Université d’Ottawa, a lui-même soumis ce choix de pièce à Gilles Provost, directeur du théâtre. La pièce retrace l’histoire, au quotidien, des habitants d’une petite ville du nom de Grover’s Corners, contrée imaginaire que l’auteur a décrite à l’image de Peterborough. Au cours de la pièce divisée en trois temps – 1901, 1904 et 1913 -, on suit trois étapes cruciales de la vie d’Emily Webb: son enfance, son histoire d’amour et sa mort. À la manière du théâtre chinois traditionnel, un régisseur – qui est dans ce cas-ci une régisseuse – prépare les scènes et agit tel un narrateur s’adressant directement au public. "La régisseuse est en quelque sorte la mémoire humaine de la ville. Elle sait tout, voit tout, voyage dans le temps, le manipule… À un certain point de ma lecture, c’était important pour moi de savoir que c’était une femme. C’était impensable aux États-Unis que ce rôle soit joué par une femme en 1938. Les perceptions ayant changé depuis, les répliques prennent d’autres connotations de la bouche d’un homme ou d’une femme."

Jouissant d’une distribution de 16 comédiens pour 30 rôles, Éric Paul Parent a été fasciné par cette pièce au contenu universel et intemporel: "À l’ère des communications de masse, où on échange de plus en plus d’information, mais où on se dit de moins en moins de choses, c’est intéressant de monter un texte où l’auteur essaie de nous faire comprendre que l’important, ce n’est pas la quantité de choses ou la vitesse à laquelle les choses se déplacent, mais c’est l’essence."

L’histoire, qui semble si "simple sans être simpliste", s’adresse autant aux personnes de 10 ans qu’à celles de 70 ans. "Ce que Wilder communique à travers cette espèce de banalité, c’est que chaque seconde, même la plus insignifiante, contient un univers. On ne prend plus le temps d’apprécier la vie, de se regarder les uns les autres, puis on passe à côté d’un tas de choses. Wilder a donc choisi une ville anodine pour montrer que, même là et surtout là, il se passe des choses vraiment intéressantes!" Mais la pièce ne se veut pas une présentation ou une valorisation de la vie de village pour autant, pense le metteur en scène. "L’auteur n’essayait pas de dire qu’il faudrait oublier la technologie pour revenir à l’état simple. Il ne prêche pas. Il ne suit pas un dogme en particulier."

Au moment où la pièce est sortie au début du siècle dernier, le style de Wilder était considéré comme expérimental puisqu’il créait des pièces sans décor, racontant l’histoire de l’humanité. "Comme la plupart des pièces des 100 dernières années, ce n’est pas ce qui est dit dans la pièce, mais ce qui ne l’est pas qui est important, c’est ce qu’il y a entre les répliques."

Éric Paul Parent s’est donc efforcé de revenir à l’essence du texte de Wilder en créant une pièce qui laisse beaucoup de place à la participation du spectateur: "Le terme "communautaire", c’est un peu un non-sens pour moi. Tout théâtre doit être communautaire, c’est de là que ça vient. L’origine rituelle de s’asseoir autour d’un feu de camp, d’essayer de comprendre le monde qui nous entoure, c’est pour ça que ça existe, le théâtre. Aujourd’hui, on a d’autres médiums qui sont peut-être plus efficaces à certains points de vue, mais le théâtre fascine encore les gens", conclut le metteur en scène.

Jusqu’au 11 décembre, 20h
Au Théâtre de l’Île
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