Moon Water : Cloud Gate Theatre of Taiwan
Le Cloud Gate Theatre of Taiwan investit la Place des Arts pour nous offrir Moon Water. Deux soirs seulement!
Le slogan "Faire bouger le monde autrement" des Grands Ballets Canadiens de Montréal, qui co-présentent avec Danse Danse la troupe de danse taiwanaise dans la Métropole, n’aura jamais été actualisé de manière aussi claire. Car la pièce de 70 minutes, composée sur les Six Suites pour violoncelle solo de Bach, est un mélange poétique de taï chi et de danse moderne. Ce sera bien, à ma connaissance, la première fois que ce type d’hybridation sera présenté à la Salle Wilfrid-Pelletier. Un choix audacieux qui, une fois de plus, servira la nouvelle orientation résolument plus "branchée" des GBCM.
S’il existe un lien entre le compositeur baroque et les danseurs asiatiques, c’est bien la rigueur et la parfaite maîtrise technique de l’instrument: le violon pour le premier et le corps pour les autres. Aussi y a-t-il ce dépouillement et cette clarté d’exécution que l’on retrouve tant dans les Suites de Bach que dans le mouvement des danseurs du Cloud Gate Theatre. Un mouvement qui porte les traces de la tradition des arts martiaux chinois. Un passé qui, on peut le constater lorsqu’on compare la corporéité des Occidentaux avec celle des Orientaux, a été jusqu’à marquer profondément le corps dansant dans son rapport avec le sol. Un rapport qui, dans la tradition essentiellement européenne du ballet classique – surtout à partir du ballet romantique -, s’est estompé, laissant place à une élévation du corps jusque dans un état d’extrême verticalité sans chute et sans contact naturel avec le sol. Alors que ce passage aisé entre horizontalité et verticalité est toujours resté vivant dans le mouvement oriental, grâce à cette importante tradition ancestrale du combat.
Un extrait vidéo nous a permis de constater que la danse du chorégraphe Lin Hwai-min, ayant signé la partition chorégraphique de Moon Water, est un pur délice de précision et de fluidité. Il est possible d’y reconnaître le type de grâce du haut du corps développée dans le ballet, celle-ci fusionnée à merveille avec la solidité d’un bas du corps incroyablement rivé au sol. Cela peut s’expliquer par le fait que les interprètes de la troupe sont passés par une formation éclectique comprenant le ballet, la danse moderne, les techniques du mouvement du théâtre de Pékin, la méditation et, surtout, une discipline qui s’appelle introduction au taï chi. Ce système, développé par le maître Hsiung Wei, fait appel au taï chi, au Chi Kung et aux arts martiaux, et se fonde essentiellement sur la respiration, permettant ainsi de produire des mouvements exécutés par le Qi (énergie intérieure), qui partent du centre du torse.
La scénographie noir et blanc, augmentée d’une apparition progressive de surfaces spéculaires (miroirs et accumulation d’eau), sait également mettre en relief le principe de dualité mis en œuvre dans la pièce.
Les 26 et 27 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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