La Robe de mariée de Gisèle Schmidt : Sur mesure
Julie Vincent clôt la 19e Semaine de la dramaturgie avec La Robe de mariée de Gisèle Schmidt.
Comédienne chevronnée, Julie Vincent s’est autorisé la plupart des registres depuis sa sortie de l’École nationale, en 1978. Du théâtre à la télévision, du cinéma au concert classique, de l’improvisation à l’enseignement, elle prend possession avec grâce de toutes les tribunes qui s’offrent à elle. En 1988, la créatrice ajoutait toute une corde à son arc en défendant son premier texte de théâtre. Abordant avec un humour grinçant les déboires d’une actrice traquée par sa propre fiction, Noir de monde reçut un accueil exceptionnel. Seize ans plus tard, moins tourmentée mais tout aussi passionnée, elle se prépare à faire entendre une nouvelle pièce dans le cadre de la 19e Semaine de la dramaturgie du Centre des auteurs dramatiques.
Bien qu’il y ait de nombreuses années qu’elle travaille à l’écriture de La Robe de mariée de Gisèle Schmidt, Julie Vincent n’a pas oublié l’impulsion première. Le désir de cette création, c’est en 1993 chez Duceppe qu’il naquit. À l’époque, elle partageait la scène avec Gisèle Schmidt, l’une des plus grandes actrices que le Québec ait connues, un authentique monument de théâtre. "Tous les soirs en coulisse, nous regardions une scène d’amour, se remémore Vincent. Un soir, elle m’a dit, pour que je l’entende: "J’aurais donné toute ma carrière pour vivre une grande histoire d’amour."" Loin de rester sourde à la confession de son aînée, la comédienne y perçut un véritable défi. "J’ai voulu offrir des histoires d’amour à cette femme de 83 ans, explique-t-elle. Il ne s’agit pas d’une œuvre biographique, mais bien d’un hommage à l’imaginaire d’une actrice, d’un parcours fantasmatique où elle fut ma boussole." Reliant les six tableaux par l’histoire d’un vêtement, la pièce couvre une période de 30 ans. "J’ai tenté de situer chacune de ces histoires dans un climat où la contrainte sociopolitique a pour effet d’augmenter la tension érotique ou la détresse amoureuse. Il était très important pour moi qu’il y ait chaque fois ce condiment d’amour, de rêve et de révolte."
Juxtaposant les lieux et les époques, amalgamant la fiction et la réalité, la pièce permet à la dramaturge de traduire sa vision du monde. "J’ai voulu retrouver dans cette pièce les traces de ce qui a été déposé en moi par d’autres êtres humains. Il y a une culture de l’amour qui vient des femmes et qu’il ne faut pas perdre. Je trouve que nous avons la mémoire courte. L’amour est un moyen de connaissance, un art subversif qui peut transformer." Avant d’être publiée dans les mois à venir aux éditions de la Pleine Lune et peut-être même portée à la scène, La Robe de mariée de Gisèle Schmidt retentira entre les murs de La Licorne. Mettant en vedette Éric Cabana, Jacinthe Laguë, Paul Savoie et l’auteure elle-même, la lecture sera suivie d’une discussion.
DERNIERS JOURS
Avant le dévoilement de la pièce de Julie Vincent, la 19e Semaine de la dramaturgie du CEAD offre cinq mises en lecture, deux causeries et deux ateliers autour d’une partition de Fabien Cloutier. Jeudi, Frédéric Dubois se charge de La Fille de l’histoire, le premier texte dramatique de Samuel Cloutier. En soirée, Gill Champagne dirige Ceux qui l’ont connu, une œuvre de Suzie Bastien (Le Désir de Gobi). Vendredi, Jasmine Dubé propose de découvrir Les Flaques, un texte jeune public de Marc-Antoine Cyr (Les Oiseaux du mercredi). Plus tard, Lorraine Pintal prend la tête d’une distribution exclusivement féminine avec Le Sourire de Léa Papin, un nouvel univers signé François Godin (Louisiane Nord). Finalement, Éric Jean assure samedi la mise en lecture de Mika, l’enfant pleureur, une pièce de Pascal Chevarie destinée à la jeunesse. Pour les détails et horaires: www.cead.qc.ca.
Jusqu’au 4 décembre
Au Théâtre La Licorne
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