Les monologues du vagin : Le point V
Scène

Les monologues du vagin : Le point V

Les Monologues du vagin s’en viennent par chez nous. Nous en parlons avec Louise Marleau qui, en plus de jouer dans la pièce, signe ici sa première traduction.

"Ils sont entourés de tellement d’ombre et de mystère, un peu comme le triangle des Bermudes. Personne n’en revient jamais pour nous en parler", observe l’un des personnages au début de la pièce. Dans une mise en scène de Denise Filiatrault, quatre comédiennes, Geneviève Rioux, Nicole Leblanc, Sandra Dumaresq et Louise Marleau, viendront justement nous en parler à travers la pièce d’Eve Ensler, déjà traduite en 22 langues et jouée dans une trentaine de pays.

N’ayons pas peur des mots, d’un en particulier.

LE MALAISE

"Il y a un petit mauvais moment à passer quand vous prenez le téléphone et que vous dites: "Je voudrais deux billets pour Les Monologues du vagin." Ça passera, croyez-moi, puisque elles l’ont dit et elles le rediront, 128 fois très exactement durant l’heure et demie que dure la pièce!" Presque un exorcisme. "On me demandait récemment, confie Louise Marleau, quel mot j’utilisais dans mon enfance pour nommer le vagin. Aucun! On n’en parlait pas, c’était tabou. Quand la pièce est sortie en 1996, Eve Ensler, qui à ce moment-là jouait seule tous les monologues, s’est heurtée à la censure. Apparemment, on n’avait pas envie de l’entendre prononcer ce mot dans les publicités, à la radio et à la télé. Et savez-vous une chose: récemment, j’ai voulu envoyer ma traduction à une correctrice par courrier électronique et le texte a été bloqué par le système, intercepté sous prétexte qu’il contenait des "filthy words"!"

"Filthy", selon le Harrap’s anglais-français: sale, immonde, dégoûtant, obscène.

LA PIÈCE

Difficilement identifiables, Les Monologues du vagin, une série de monologues souvent drôles et parfois dramatiques, jamais vulgaires ni pornographiques, la plupart du temps émouvants et courageux, sont plus proches de la tradition du stand-up comic à l’américaine que du théâtre comme tel. Cartons en main, les comédiennes jouent dans le but d’évoquer la lecture et le mode de la confidence, suivant les recommandations d’Ensler.

Ce n’est pas la première fois que Louise Marleau joue Les Monologues. "Nous avions monté la pièce en 2002, à la Place des Arts, avec Janine Sutto, entre autres. Déjà, j’avais dû l’adapter un peu, à cause des tournures très françaises qui ne convenaient pas. Par exemple, il y a cette liste des termes utilisés pour nommer le vagin… "Foufounette" et "pomponnette", ça ne ferait pas réagir grand monde ici! Chose certaine, j’ai eu un plaisir fou à traduire cette pièce, qui sera jouée pour la première fois en "québécois"; non pas en joual, mais dans un français correct qui se rapproche de celui que nous parlons en ce moment."

LE FÉMINISME

Tant qu’à y être, prononçons un autre mot qui fait grincer bien des dents: féminisme. En raison de son impact psychosocial, parce qu’on y apprend des choses, et parce qu’une fois par année, lors du V-Day en février, les recettes de la pièce sont versées à des organisations vouées à la défense des droits des femmes, la jouer, c’est aussi faire un geste politique. "Pour moi, Les Monologues, c’est une pièce post-féministe. […] Le féminisme, dans cette pièce, en est un de femmes libérées, c’est un féminisme joyeux et sympa, qui va au-delà du premier degré et de la mauvaise humeur. On y revendique des choses pour les femmes et non pas contre les hommes", s’exclame la comédienne.

Bienvenue aux hommes, donc, "et ils sont plus nombreux qu’on pourrait le croire". À quand Les Monologues du pénis?

Le 8 décembre
À la Salle Maurice-O’Bready

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