Jamie Adkins : Nez rouge
L’Américain Jamie Adkins, qui vit à Montréal depuis cinq ans, présente sa création Typo à la TOHU. Rencontre avec un drôle de clown.
Un champ artistique devient particulièrement intéressant quand il est difficile de faire entrer ses principaux représentants dans une même petite case. C’est un peu ce qui arrive au monde du cirque, qui occupe une place de plus en plus importante dans les sensibilités culturelles des Québécois, mais dont on peut également dire qu’il gagne de plus en plus de galon sur le plan des arts de la scène, que c’est un art dont la définition se complexifie.
"Moi, je ne voulais pas faire de cirque jusqu’au jour où j’ai vu le Pickle Family Circus, un cirque non traditionnel venu de San Francisco", nous raconte Jamie Adkins, qui a débuté comme artiste de rue à 16 ans. C’est dans les parcs de San Diego, rendez-vous d’amuseurs publics, qu’il apprit d’abord son métier, mais c’était aussi l’endroit où il se sentait bien, sans grand besoin de passer à autre chose. "J’étais heureux comme jongleur de rue, mais avec le Pickle Family Circus, que j’ai joint plus tard (en fait, 6 ans après le coup de foudre), j’ai compris que je pouvais développer davantage mon habileté et mon imagination, que je pouvais aller plus loin dans mon art." Mais qu’est-ce que le cirque non-traditionnel, au juste? "C’est, selon moi, le cirque qui a commencé le jour où quelqu’un a monté un spectacle sans animaux. Ce fut une réelle cassure. Sont alors nées des techniques de cirque plus axées vers la théâtralité, avec une teneur plus artistique ou plus dramatique. Ça peut même devenir du cirque, disons, d’adulte. Il faut dire que pour les enfants, cela peut être surprenant au début, car pour eux, comme pour beaucoup d’adultes, le cirque évoque d’abord la présence des animaux."
Typo est un spectacle pour toute la famille. Ça raconte l’histoire d’un clown qui veut écrire un spectacle, mais qui se rend bien compte que "sans le public, il n’y a pas de spectacle de clown"! Tout comme le sujet, Adkins admet que son spectacle d’une heure durerait beaucoup moins longtemps si ce n’était des réactions de la foule, avec lesquelles il compose et modifie le spectacle. Grâce à sa complice Anne-Marie Levasseur, la situation devient le prétexte à dix mille cabrioles et improvisations. "Anne-Marie est la muse et musicienne de mon personnage. C’est une excellente musicienne et comédienne, et maintenant, elle est en train de devenir un excellent clown! Je suis en train de la pervertir, dit-il en riant." Si son personnage, devant l’angoisse de la page blanche et le port du nez rouge, en vient à s’interroger sur le rôle du clown, Adkins trouve pour sa part que "le clown, au fond, fait les choses que tout le monde aurait envie de faire. Que ce soit bon ou non. Ses gestes peuvent être politiques ou simplement… un peu fous!"
Et le clown aime bien voyager: quelques semaines après la présentation montréalaise, Typo sera monté à New York…
Du 21 au 31 décembre
À la TOHU
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