Revue théâtre et danse : Pièces choisies
L’année 2004 en théâtre et en danse a été des plus florissantes avec des créations régionales inventives et la visite de riches productions extérieures. Mentions honorables.
À propos des créations régionales, soulignons d’abord le travail colossal de Danielle Grégoire, qui a traduit et adapté la pièce Les Noces de Marie, de l’Albertain Stephen Massicotte, présentée en février au Théâtre de l’Île. Sa mise en scène tout en finesse et en simplicité nous faisait découvrir deux jeunes acteurs locaux de talent, soit Manon Leblanc et Vincent Poirier.
À la Nouvelle Scène, le Théâtre de la Vieille 17 nous présentait aussi en février la pièce Willy Graf de l’auteur franco-ontarien Michel Ouellette. Jouant avec les frontières du réel et de la fiction et questionnant le travail d’écriture, la mise en scène de Robert Bellefeuille, dans un décor fort réussi, ne laissait pas le spectateur indifférent. Autre réussite du directeur artistique: la pièce L’Inconception de l’auteur sudberois Robert Marinier, reprise en octobre dernier, qui n’a reçu que des éloges. Danielle Grégoire revisitait les planches, en novembre dernier, dans la comédie noire Petits Drames conjugaux d’Éric-Emmanuel Schmitt, aux côtés du très efficace Mario Borges. La mise en scène de Claude Guilman, tout en subtilité, mettait en valeur l’histoire de ce couple déchiré.
Deux one-woman-shows se donnaient la réplique à la fin de novembre alors que le Théâtre La Catapulte présentait la pièce Cette fille-là de Joan MacLeod, mise en scène par le brillant Joël Beddows et interprétée par la très prometteuse comédienne Stéphanie Kim Tougas. Simultanément, le CNA offrait la dernière production de Brigitte Haentjens, dans laquelle Céline Bonnier, éblouissante, interprétait l’œuvre-destin de Sylvia Plath.
Quant aux autres productions extérieures présentées en Outaouais… Denis Marleau, directeur artistique du Théâtre du CNA, s’est encore une fois surpassé en présentant la crème des productions montréalaises, tout en offrant le fruit de ses dernières recherches théâtrales. Ainsi, on a pu apprécier en avril le talent belge avec son pénétrant Moine noir, en plus de vivre une expérience théâtrale inoubliable en novembre avec ses fantasmagories technologiques Les Aveugles et Dors mon petit enfant, cette dernière présentée en primeur canadienne. Parmi les productions extérieures les plus marquantes, notons Les Trois Sœurs de Wajdi Mouawad, le touchant récit-fleuve L’Inoublié ou Marcel Pomme-dans-l’eau de Marcel Pomerlo ainsi que l’œuvre d’autofiction, chaleureuse et pimentée, du duo De la Chenelière–Brière: Henri et Margaux. Plus récemment, le Théâtre du CNA présentait Le Procès de Kafka dans une fabuleuse mise en scène de François Girard. Soulignons les interprétations justes et nuancées des comédiens Alexis Martin, Pierre Lebeau et Normand Chouinard. L’adaptation théâtrale de Serge Lamothe était à la hauteur des attentes, le tout présenté dans un décor magnifique. Notez que la production est toujours à l’affiche les 17 et 18 décembre prochains.
La Salle Odyssée de la Maison de la culture nous présentait également d’excellentes productions montréalaises. Soulignons la désopilante Sylvie Léonard qui nous présentait une Dolorès colorée dans Bachelor (Louis Saïa et Louise Roy), fruit de son travail avec Yves Desgagnés. Le TNM présentait aussi La Fausse Suivante de Marivaux avec Pascale Montpetit et Marie McClemens.
Parmi les productions de variétés, notons l’émouvant et très poétique Rain – Comme une pluie dans tes yeux du Cirque Éloize au Théâtre du Casino du Lac-Leamy en septembre dernier.
L’année fut aussi inévitablement marquée par la création du spectacle à grand déploiement L’Écho d’un peuple, présenté pendant trois mois à Casselman. À suivre l’été prochain…
ooo
DANSE
Trois spectacles à mentionner dans la revue de l’année en danse: l’incontournable Passare d’O Vertigo, qui ouvrait le Festival Danse Canada l’été dernier; la pièce culte Joe de Jean-Pierre Perreault à l’occasion de son 20e anniversaire en mai; enfin, la visite spectaculaire et tant attendue de Pina Bausch et de sa troupe de 22 danseurs pour Masurca Fogo en novembre. Sans contredit l’événement de l’année en danse.